La 4ème édition du Festival international des arts de la scène et des savoirs endogènes (FIASSE) bat son plein à Bobo-Dioulasso. Au menu de cette édition, plusieurs conférences publiques sont prévues du 24 au 30 septembre 2022. Initialement prévue de se tenir au siège du mouvement endogène, c’est finalement à Cikasso-Cira que s’est tenue la conférence sur le patrimoine immatériel dans la matinée de ce mercredi 28 septembre 2022.
« Le patrimoine immatériel : typologie et actions de sauvegarde ». C’est sous ce thème que la conférence publique sur le patrimoine immatériel a été animée. Et c’est Marcellin Zango, juriste et conseiller des affaires culturelles au ministère de la communication, de la culture, des arts et du tourisme par ailleurs facilitateur pour la convention de 2003 de l’UNESCO, qui a été choisi pour développer le thème de la conférence.
Pour le spécialiste, le patrimoine immatériel est omniprésent dans toutes les cultures. Mais l’importance de cette valeur culturelle semble être ignorée par bon nombre de personnes. Cette ignorance qu’il attribue à certaines cultures africaines est due au fait que c’est un trésor humain abstrait c’est-à-dire qui n’est pas visible et impossible de toucher.
Le savoir-faire du forgeron, la connaissance traditionnelle sont des exemples que le conférencier a utilisés pour illustrer le patrimoine culturel immatériel. Le professionnel de la culture fait savoir aux participants à la conférence que cette richesse immatérielle ignorée dans certaines sociétés court le risque de mourir. « Quand on parle de patrimoine, il faut toujours penser à la transmission. Or si une valeur est ignorée, on n‘accorde naturellement pas d’importance à sa transmission aux générations montantes. Ce qui peut entrainer la mort de ce patrimoine », souligne-t-il. Au-delà de l’ignorance, Marcellin Zango pense aussi que la crise de confiance entre les dépositaires de certains patrimoines et la jeune génération entraine la non-transmission de ces valeurs.
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Le conférencier ne s’est pas seulement contenté de décrire la situation. Il a rassuré que des actions sont entreprises au niveau de son ministère de tutelle pour contribuer à la viabilité des patrimoines culturels immatériels au Burkina Faso. Dans cette dynamique, il a souligné que le ministère a répertorier entre 2017 et 2018, des trésors humains vivants au Burkina Faso dans le but de trouver des mécanismes de transmission de certaines valeurs culturelles à la jeune génération. Il précise que le travail se poursuit au sein du ministère pour pouvoir trouver la bonne formule pour concrétiser le projet.
Les participants à la conférence n’ont pas manqué de saluer la pertinence du thème. Pour la plupart venus du Sénégal, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Brésil, ils ont, à travers la conférence remarqué que dans l’ensemble, les patrimoines culturels immatériels africains se ressemblent. Comme exemple, ils ont indexé le balafon sénoufo qui est un patrimoine commun au Burkina, à la Cote d’Ivoire et au Mali. Cela devrait selon les uns et les autres constituer une force pour l’Afrique dans l’amorce de son développement.
Marcellin Zango a salué la pertinence de leur remarque. Mais pour lui, le problème de la culture africaine en général et des patrimoines immatériels en particulier est lié à une crise d’identité chez les africains. Pour parvenir à donner plus d’éclat aux patrimoines immatériels africains, le conférencier du jour suggère un retour aux sources et la revitalisation de certaines valeurs africaines.
Promoteur du festival, François Moïse Bamba inscrit cette conférence dans le cadre de la tenue de la 4ème édition du FIASSE. Pour lui, ces initiatives vise à inviter la jeune génération à assumer le plus importante de son héritage qui est sa culture. Il pense que tous les maux que subit l’Afrique trouvent pour la plupart leur source dans l’ignorance et/ou le reniement de la culture africaine par les africains. « La culture est la boussole de tout peuple. Pour savoir où on va, on doit savoir d’où on vient. Si nous ignorons notre culture, on sera à l’image de la feuille morte qui vacille au gré du vent parce qu’elle n’a pas de racine », a conclu François Moïse François Bamba sur la nécessité pour les africains de se ressourcer pour un véritable développement du continent.
Abdoulaye Tiénon