spot_img
spot_img
spot_img

Karim Ky, président du conseil régional des personnes âgées du Guiriko : « Nous ne sommes plus des exclus mais des acteurs de développement »

Le 1er octobre marque la journée internationale des personnes âgées (JIPA). Depuis dix (10) ans, cette journée est célébrée de manière exceptionnelle dans le Guiriko (ex Hauts-Bassins). Depuis 2016 en effet, le Réseau de Protection et de Promotion des Personnes Âgées (R3PA) organise une série d’activités au niveau local en prélude à la JIPA pour permettre aux personnes âgées de s’épanouir et de se mettre en lumière. Karim Ki est l’actuel président du Conseil régional des personnes âgées du Guiriko, structure membre du réseau. Dans une interview accordée à Ouest Info à l’occasion de la JIPA 2025, il revient sur l’intérêt de la célébration locale de cette journée dédiée aux personnes âgées et invite par ailleurs les différents acteurs à accorder aux personnes âgées la place qui est la leur dans la société pour une pérennisation de la chaine de transmission des valeurs sociales. Lisez !

Ouest Info : Depuis maintenant dix (10) ans, vous célébrez la journée internationale des personnes âgées au niveau local à travers une série d’activités. Quelle philosophie sous-tend l’organisation de ces activités ?

Karim KI : L’organisation locale de la journée internationale des personnes âgées a une genèse et c’est le Réseau de Protection et de Promotion des Personnes Âgées qui regroupe les acteurs en charge des personnes âgées, des chercheurs du Centre Muraz, les directions régionales de toutes les institutions.

Effectivement depuis dix (10) ans, le réseau a eu le génie de marquer les esprits avec une célébration locale de la journée internationale des personnes âgées et ce, profitant du dynamisme du Conseil régional des personnes âgées. Ainsi chaque année, de grandes activités se mènent à l’occasion de la célébration de cette journée. A chaque édition, on démarre les activités pratiquement trois (03) semaines à un mois souvent avant, par des sensibilisations jusqu’au 1er octobre, jour effectif de la célébration de la journée internationale des personnes âgées. En un mot, c’est une manière pour nous de valoriser les personnes âgées.

Ouest Info : Quelle est la particularité de la célébration locale de la JIPA 2025 ?

Karim KI : C’est le même format que les autres années. On essaie juste d’améliorer cette célébration en intégrant des activités innovantes au fur et à mesure pour permettre que les personnes âgées se mobilisent davantage autour de leurs intérêts, autour de leur dignité. C’est pourquoi beaucoup d’activités se mènent durant cette période. Ainsi chaque année quelque chose de nouveau s’ajoute à la célébration pour permettre que les personnes âgées s’impliquent dans la vie communautaire.

Ouest Info : En dix (10) ans, quel bilan tirez-vous de cette célébration locale ?

Karim KI : Une décennie, c’est un développement. En termes d’acquis, il y a beaucoup à dire. Il y a la solidarité, une prise de conscience par les personnes âgées d’être solidaires de façon géographique dans les secteurs et dans les arrondissements. Au fur et à mesure que les activités se mènent, les personnes âgées arrivent à se connaitre et établissent des liens. Cette solidarité, cette proximité leur permet de vivre ensemble et de savoir qu’ils ont les mêmes destinées et leur amène à comprendre qu’il faut être solidaire.

Il faut souligner que chaque année, les différentes directions administratives et municipales apportent leurs appuis aux personnes âgées. Nous faisons un clin d’œil à la direction régionale de la santé qui offre gratuitement des consultations médicales gratuites aux personnes âgées. Ça c’est véritablement très bien pour les personnes âgées. Il y a aussi le Centre Hospitalier Universitaire Souro Sanou qui nous offre des soins gratuits et ce, jusqu’au 05 octobre de chaque année.

Au cours de cette période, nous faisons des animations, des sensibilisations sur les conditions des personnes âgées et sur leur implication dans la vie active.  Dans le cadre de ces activités, nous identifions les deux personnes les plus âgées de la ville de Bobo-Dioulasso pour les rendre visite et leur apporter des appuis avec quelques cadeaux.

Il faut préciser qu’au niveau national, c’est le Conseil régional du Guiriko qui est le seul conseil qui fonctionne effectivement. A travers les activités du réseau de Protection et de Promotion des Personnes Âgées, le Conseil régional des personnes âgées a été décoré de la médaille de Chevalier de l’Ordre National en 2019.

Ouest Info : A travers cette célébration locale, est-ce que le réseau a enregistré des acquis pour le bien-être des personnes âgées dans le Guiriko ?

Karim KI : Le fait que chaque année, les personnes âgées se retrouvent dans une belle ambiance, c’est déjà quelque de très bien. En plus de cela, nos différentes activités ont permis que les responsables administratifs accordent au Conseil régional et au réseau des audiences qui leur permettent de faire des plaidoyers pour les personnes âgées. Il faut reconnaitre que nos actions ont un écho favorable auprès des autorités.

Actuellement quand on demande une salle au gouvernorat ou dans certaines autres institutions, on nous les accorde gracieusement. Pour l’organisation de nos activités, toutes les directions apportent quelque chose. Je sui tenté de dire que lors de ces journées de célébration locale de la JIPA, tout le monde se sent concerner et ça valorise davantage les personnes âgées.

Ouest Info : Quelles sont les difficultés que rencontre le Conseil régional des personnes âgées du Guiriko ?

Karim KI : Je pense qu’actuellement le plus difficile est derrière nous. Je peux dire que les personnes âgées sont de plus en plus bien loties. Avant, les personnes âgées étaient isolées les uns des autres mais aujourd’hui, elles sont de plus en plus solidaires et se sentent valorisées, se sentent écoutées par l’administration, se sentent accompagnées si bien que les personnes âgées ne se sentent plus exclues mais se sentent considérées. Désormais nous ne nous considérons pas comme des exclus mais nous sommes des acteurs de développement.

Ouest Info : Quel est le plus cher de vos vœux pour les personnes âgées ?

Karim Ki : Je m’adresse d’abord aux autorités locales et aux autorités nationales. Nous souhaitons simplement jouer notre rôle de personnes âgées dans la société c’est-à-dire notre rôle de gardiens des valeurs et de la transmission de ces valeurs et surtout de contribuer à la cohésion sociale.  Si plaidoyer il y en a, nous sollicitons que les autorités reconnaissent le conseil régional des personnes âgées comme une association d’utilité publique. Et au passage, il faut préciser que les chercheurs du centre Muraz nous apportent beaucoup de choses. Et nous leur disons merci.

Nous souhaitons qu’on nous écoute car nous estimons que les ainés, ce n’est pas des gens qu’on met derrière mais des gens qu’on met devant parce que s’il n y a pas d’ainés, il n’y a pas de cadets et il faut que les gens sachent que la vieillesse est un passage obligée pour tous si longévité il y a. Accompagner donc une personne âgée aujourd’hui, c’est s’accompagner soi-même ou c’est préparer sa sortie. Nous n’allons donc pas nous morfondre. Nous disons tout simplement que si les autorités nous écoutent, cela nous suffit. S’il y a par exemples des activités d’envergure locale, qu’on donne la place des personnes âgées pour qu’elles l’occupent. Ce n’est pas en tant qu’un corps constitué mais si on cite en pré-séance les autorités administratives, coutumières, qu’on cite également le Conseil régional des personnes âgées. Ça c’est notre cri de cœur et nous voulons que les gens nous entendent.

Ouest Info : Quel message avez-vous à l’endroit des jeunes vis-à-vis des personnes âgées ?

Karim KI : D’abord à l’endroit des personnes âgées, je dirais que pour donner l’exemple, il faut être soi-même un exemple. Ça veut dire que les personnes âgées doivent être un modèle dans la société. Elles doivent comprendre qu’être ainé, qu’être ancien, être personne âgée, c’est un parcours et ce parcours doit être capitalisé en expérience pour être transmis aux jeunes générations. Ces personnes âgées doivent comprendre que la société dans laquelle elles sont, elles doivent être des exemples, des modèles. Et quand on est un exemple, ça impacte positivement car les gens suivent par l’exemple que par la parole.

A l’endroit des jeunes, nous disons qu’un jeune qui ne reconnait pas la place ou la valeur d’un ancien ne sera jamais une personne sage à l’avenir. Donc les jeunes doivent écouter les personnes âgées, les valoriser et les considérer comme telles, pas comme des épaves mais comme des valeurs. Que les jeunes accordent du respect et donnent de la dignité aux personnes âgées.

Je ne saurais terminer cette interview sans dire merci au centre Muraz car c’est une structure à laquelle nous sommes adossés du fait que leurs chercheurs réfléchissent et nous donnent suffisamment de conseils qui nous permettent d’avancer.

Abdoulaye Tiénon/Ouest Info

tienonabdoulaye@yahoo.fr

La rédaction
La rédaction
Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici
Captcha verification failed!
Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!

spot_img

Autres Articles

Docteure Adèle Ouédraogo : Une figure de la transition agroécologique au Burkina

L’agriculture durable et rentable. C’est la tendance actuelle au Burkina Faso dans un contexte de raréfaction des terres agricoles. Dans le Guiriko, cette tendance...

Koloko : De la drogue cachée dans le réservoir et les pneus secours d’un camion

Nouvelle prouesse pour les agents du Bureau des Douanes de Koloko, dans la région du Guiriko. En effet, leur vigilance a permis, le lundi...

Bobo-Dioulasso : La mairie annonce la réhabilitation du cimetière municipal du secteur 31

La mairie de Bobo-Dioulasso a annoncé la réhabilitation prochaine de l’ancien cimetière municipal situé au secteur 31, route de Léguéma, dans l’arrondissement 3.Selon le...

Autres Articles