Sylvie So est une jeune femme âgée de 28 ans. Sa passion, la plomberie (qualifiée de métier d’homme). Si aujourd’hui elle dispose de tous les atouts pour vivre son rêve, elle se trouve cependant confronter à une difficulté : Sa féminité. Malgré ce cliché, la jeune dame qui n’a que le niveau de la classe de 3ème, ne baisse pas les bras. Contre vents et marrées, elle vie son rêve et espère d’ailleurs ouvrir une entreprise spécialisée en travaux de plomberie.

« Depuis toute petite, je prends du plaisir à regarder les gens exercer le métier de plomberie ».  C’est ainsi qu’est née la passion de Sylvie So pour la plomberie.

Une passion qui connaîtra un début de concrétisation quand, à travers un communiqué radiodiffusé, elle apprend le recrutement de jeunes à former dans divers métiers comme la plomberie à l’ANPE/Bobo.

Une aubaine donc pour la jeune fille : « J’ai ainsi constitué mon dossier que je suis allé déposer. Et suite à un test, j’ai été retenue pour suivre la formation ».

Après deux (02) années de formation, Sylvie So, l’unique fille de la filière plomberie,  sort de l’ANPE avec un certificat de qualification professionnelle (CQP), donc, capable d’exercer son métier de rêve.

« Ma féminité constitue un obstacle…. »

Apte à travailler, Sylvie So peine cependant à tremper pleinement ses mains dans le métier comme elle l’a toujours rêvé et ce, du fait de sa féminité. « Après ma formation, j’ai intégré des ateliers.  Mais quand on sort sur le terrain, on ne veut pas me laisser travailler comme les garçons quand bien même je suis qualifiée au même titre que ces derniers. La raison avancée est que je suis une femme et donc, pas à mesure de faire convenablement ce travail » regrette-t-elle.

La féminité ne saurait être un handicap à celle qui, depuis l’âge de 15 ans, a appris à se débrouiller seule dans la vie sans toutefois, tomber dans la facilité comme la prostitution. « Le travail ne me fait pas peur. Depuis l’âge de 15 ans, j’ai appris à voler de mes propres ailes »  a laissé entendre celle qui, à l’en croire, n’aurait pas eu une vie facile.

Forgée par les  épreuves de la vie, Sylvie ne recule devant rien. Encore moins devant son métier de rêve. « Je ne me suis pas formée pour regarder les gens travailler.  Je veux vivre ma passion. Et ma passion, c’est la plomberie. Aller m’arrêter regarder les autres travailler, ce n’est pas mon but » a-t-elle dit.

Face à cette situation, la jeune dame décide de prendre le taureau par les cornes.  Ainsi, elle  essaie d’évoluer seule, « afin de pouvoir vivre pleinement son rêve ».

Seule, elle va à la recherche de « petits » marchés chez des particuliers. Là aussi, problème. Difficile de se trouver le moindre débouché. La raison, sa féminité qui « ne rassure point ».

« Quand je propose mes services, les gens sont réticents quant à ma capacité à faire le travail » a-t-elle déploré avant de signifier qu’elle fait pourtant mieux ce travail que certains hommes.

La preuve en est que selon elle, un client satisfait de son travail, ne veut confier ses travaux de plomberie à une personne autre qu’elle. «  J’ai eu à faire un travail pour un blanc. Depuis lors, je suis la seule à faire les travaux de ce dernier. Même quand il m’appelle et que je décide de confier le travail à quelqu’un d’autre parce que je suis occupée, il refuse parce qu’il est satisfait de mon travail » a-t-elle témoigné.

Créer une  entreprise de plomberie, le rêve de Sylvie…

Tout en vivant son rêve contre vents et marrées, Sylvie So ne manque pas de nourrir des ambitions. Et celle qui lui tient à cœur, c’est la création d’une entreprise spécialisée dans les travaux de plomberie.

Après une formation en entrepreneuriat (création et gestion d’une entreprise), celle qui espérait un accompagnement de la part du ministère de la jeunesse à cet effet, attend toujours.

En attendant la réalisation de ce rêve, notre modèle de femme battante continue de vivre sa passion. A côté de son métier, elle est présidente d’une association féminine qui œuvre pour la promotion de l’entrepreneuriat féminin car pour elle, « la féminité n’est pas un travail ». « Les filles doivent éviter la facilité. C’est ce qui les souvent conduit d’ailleurs à s’adonner à des pratiques qui, en réalité, n’honore pas la femme » est-elle convaincue.

Jack Koné/Ouest-info.net