Le métier de jardinier, pépiniériste ou encore de fleuriste sont des activités pratiquées principalement au cœur de Bobo-Dioulasso notamment sur les berges du marigot Houet. Génératrices d’importants revenus, ces activités pratiquées dans l’ombre nourrissent bien leurs hommes à Bobo-Dioulasso surtout en saison d’hivernage. En ce début de campagne pour ces acteurs, une équipe de Ouest Info est allée à leur rencontre pour s’imprégner des réalités de leur gagne-pain. C’était dans la matinée du mardi 20 mai 2025.
Entouré de plants de manguiers, de goyaviers, bananiers, cocotiers, de fleurs dans des pots ; Lassina Sanou est pépiniériste depuis une quinzaine d’années. Il dispose de toute sorte d’espèces végétales dans son périmètre d’activité à Bolomakoté sur la bordure Est du marigot Houet à quelques encablures du musée communal Sogossira Sanon.
Du haut de ses nombreuses années d’expérience dans le domaine de la vente des fleurs et des espèces végétales fruitières, il parvient tant bien que mal à faire face aux difficultés que connait le secteur généralement en saison sèche. « En saison sèche, nous vendons peu. Mais il y a des espèces que nous arrivons à vendre pendant cette période notamment les plantes décoratives », confie Lassina Sanou.

« Être pépiniériste, c’est en un mot être écologiste »
Pour ce dernier, la bonne campagne des pépiniéristes, fleuristes et jardinier, c’est la saison d’hivernage. En cette période, ils arrosent peu leurs plants et vendent plus. « Actuellement, c’est la période des pépinières. Nous préparons donc les pépinières d’eucalyptus, de baobab qui sont des plantes pour la saison pluvieuse. C’est notre campagne car c’est la période de l’année où nous vendons plus de plantes », précise Lassina Sanou.
Pour ce quarantenaire, le métier de pépiniériste nourrit bien son homme pour peu que l’on l’exerce avec passion et ambition. Pour corroborer ses propos, il nous fait savoir que pour l’année 2025, il a mis en pépinière 30 000 plants de diverses espèces végétales. C’est le plus gros exploit de sa carrière et il compte aller au-delà pour les prochaines années. « Notre métier est un métier de l’ombre. Mais en réalité, être pépiniériste, c’est contribuer à la protection de l’environnement, à la lutte contre les changements climatiques et à la multiplication des espèces fruitières. Etre pépiniériste, c’est en un mot être écologiste », Lassina Sanou résume-t-il son métier.

A environ un kilomètre de Lassina Sanou, on rencontre Issiaka Kassamba, jardinier-fleuriste établit au pied du feu tricolore côté nord de la direction régionale de l’environnement. Amoureux de ce métier depuis le bas-âge, il s’y est investi depuis 2002. En 23 ans d’expérience, Issiaka Kassamba avoue ne s’être pas trompé de métier car il y gagne bien sa vie. « Concernant le marché, j’en a assez. Ce travail m’est bénéfique car j’arrive à prendre en charge ma famille avec ce que je gagne. J’ai pu me réaliser dans cette activité », témoigne Issiaka Kassamba qui n’occulte pas certaines difficultés professionnelles qu’il arrive à surmonter grâce à sa solide expérience.
« Avant la période d’insécurité, nous allions jusqu’au Nord du pays […] Aujourd’hui, nous n’exerçons que dans certaines localités des Hauts-Bassins »
Soumaïla Sanou est un autre pépiniériste expérimenté. Installé à côté du Jardin de la Renaissance côté ouest du marigot Houet dans les encablures de la chambre du commerce de Bobo-Dioulasso, il dit gagner sa vie dans cette activité depuis maintenant 25 ans.

Cependant, il souligne un ralentissement de ses affaires à cause de la situation sécuritaire. « Avant la période d’insécurité, nous allions jusqu’au Nord du pays pour la mise en place de champs modernes. Aujourd’hui, nous n’exerçons que dans certaines localités des Hauts-Bassins. Cette situation nous a poussé à diminuer nos productions. Nous importions aussi certaines plantes depuis des pays comme la côte d’Ivoire. Mais vu la tension entre nos deux pays, l’importation est devenue difficile », Soumaïla Sanou lève un coin de voile sur les difficultés que rencontre son secteur d’activité. Face à cette situation, il a réorienté une partie de son expérience.
Il essaie de combler les marchés perdus dans les zones d’insécurité par des formations qu’il donne à ceux qui s’intéressent ou qui veulent embrasser le métier de pépiniériste. Son plus gros souhait, c’est de voir la situation sécuritaire du pays s’améliorer pour que leur secteur d’activité puisse redorer son blason.

Les jardiniers, fleuristes et pépiniéristes que nous avons rencontré sont un petit échantillon des professionnels de ce secteur d’activités qui exercent pour la plupart dans l’informel à Bobo-Dioulasso. Leur activité nourrit beaucoup de foyers, contribue à la protection de l’environnement et au budget local. Ce métier de l’ombre est un gagne-pain utile qui séduit même des femmes qui commencent à s’y lancer à Bobo-Dioulasso (un autre article à venir sur des femmes pépiniéristes-jardinières-fleuristes à Bobo-Dioulasso).
Ackim Traoré & Abdoulaye (stagiaires)/Ouest Info