Ce vendredi 14 octobre 2022, comme plusieurs autres jours depuis le coup d’Etat du 30 septembre dernier, le marché central, les magasins, les boutiques et les écoles de Bobo-Dioulasso sont fermés. La cause, les manifestions de soutien au capitaine Ibrahim Traoré. En effet depuis hier 13 octobre des manifestants ont de nouveau pris d’assaut les principales artères de la ville. Comme d’habitude, le marché central et ses alentours sont pris pour cibles portant ainsi un coup à l’activité économique qui se portait déjà très mal à cause des crises sécuritaire et sanitaire.
Pas d’embouteillage ni de bousculade au marché central et alentours de Bobo-Dioulasso ce vendredi 15 octobre 2022. Il est fermé. Les commerçants tout comme les clients n’y ont pas accès. Ce sont des ronflements et klaxons de motos, de tricycles et des coups de sifflets qui animent ses environs. Les magasins situés aux alentours sont aussi fermés. Assis ou debout en petits groupes devant leur magasin fermé, des commerçants discutent. Tel un grin, leurs débats ne se portent pas sur le commerce mais plutôt sur la situation sociopolitique actuelle du pays. Si pour certain ces manifestations sont de trop, d’autres par contre pensent que c’est un mal nécessaire.
« Depuis le début des manifestations, nous rencontrons beaucoup de difficultés. Il n’y a plus de marché et nous n’arrivons plus à écouler nos marchandises. Mais nous pouvons supporter cela car c’est le prix à payer pour ramener la paix et la sécurité au Burkina Faso. Rien ne va ici à cause de l’insécurité. Donc si nous parvenons à ramener la paix au Burkina, les commerces vont reprendre de plus belle », opine Mahamadi Nohni, commerçant au marché central de Bobo-Dioulasso.
Tout comme lui, Soulemane Kafando un commerçant de moto, pense que c’est lorsqu’il y a la stabilité et la paix dans le pays qu’on peut avoir son pain quotidien. « C’est vrai que depuis le début des manifestations nous n’arrivons plus à faire le commerce. Mais nous manifestons pour un meilleur avenir pour le Burkina Faso et nous sommes sûr que s’il y a la stabilité à tous les niveaux au Burkina, les commerces vont reprendre et nous pourrons gagner de l’argent », en est-il convaincu.
Le marché central est resté fermé au moins cinq (05) fois depuis le 30 septembre 2022
Une pilule dure à avaler pour certains commerçants « qui vivent au jour le jour ». Pour eux, la fermeture du marché est de trop. « Avant le coup d’Etat, c’était déjà dur pour nous. Et maintenant qu’il y a eu coup d’Etat en plus des manifestations qui exigent la fermeture du marché, c’est la catastrophe. Comment allons-nous nourrir nos familles pendant ce temps ? Nous ne faisons que dépenser sans faire de bénéfices alors que nous devons écouler nos marchandises pour payer nos dettes. », s’indigne Razak Nikiema, un jeune commerçant.
Tout en soutenant les manifestations, Salimata Koté regrette cependant que le marché soit régulièrement fermé. « Je soutenais les manifestations mais de là, à fermer chaque fois le marché c’est trop dur pour nous. C’est grâce au marché central que nous et nos familles survivons. Déjà même que c’était compliqué et maintenant avec les fréquentes fermetures du marché, nous ne savons plus quoi faire. Les conséquences retombent directement sur nos enfants dont on a la charge. S’ils peuvent simplement manifester en se réunissant dans un endroit ou marcher silencieusement pour exprimer leur mécontentement sans fermer le marché et sans contraindre les gens à fermer leurs magasins, ça sera mieux pour tous », suggère Salimata Koté, une commerçante de savon au marché central de Bobo-Dioulasso.
Si certains commerçants approuvent les manifestations et leurs conséquences sur l’activité économique, d’autres par contre désapprouvent cette manière de faire. Rappelons que les manifestations de ce 14 octobre 2022 ont pour objectif selon les manifestants de soutenir Ibrahim Traoré lors des assises nationales qui se tiennent actuellement dans la capitale burkinabè.
Léila Korotimi Koté/ Stagiaire
