Koubawé, c’est le nom de la cité universitaire de Bobo-Dioulasso. Dans ce milieu, les études sont la première préoccupation des pensionnaires. Mais en plus des études, certains étudiants sortent de leur zone de confort et se démarquent de la masse. Ces étudiants libèrent leur génie entrepreneurial. Ils allient ainsi études et entrepreneuriat. Si certains sont coiffeurs et commerçants, certains autres sont réparateurs de téléphones et teinturières de Koko Dunda au sein de la cité. Étudier et entreprendre est un exercice peu choyé au Burkina mais cette pratique fait pourtant émule au sein de la cité universitaire de Koubawé où on trouve des étudiants-entrepreneurs qui refusent de dépendre financièrement de leurs parents. A la rencontre de ces étudiants-entrepreneurs, récit d’une journée d’immersion à Koubawé.
Sous un apatam derrière un pavillon, on entend de loin la vibration d’une tondeuse qui forme avec de la musique un son dissonant. D’une main habile, une jeune silhouette de taille moyenne exécute des mouvements aux contours peu saisissables pendant que sa deuxième main soutient une tête dressée devant elle. Des touffes de cheveux tombent les uns après les autres et doucement, une coiffure prend forme.
Quelques minutes plus tard, le propriétaire de la tête coiffée découvre sa nouvelle coupe de cheveux à travers un miroir. Un petit sourire acquiesce l’art du coiffeur. Ce coiffeur, c’est Aimé Somé, cet étudiant de droit qui rend beau ses camarades pensionnaires de la cité universitaire de Koubawé.
Son histoire avec la coiffure remonte à ses années lycée. « Depuis le lycée, j’avais des talents de coiffeur. J’étais déjà le coiffeur de certains de mes enseignants à l’époque », raconte-t-il. Depuis cette période, Aimé Somé a entretenu ses talents de coiffeur. Il en a fait presqu’un métier aujourd’hui. A ses temps libres, il coiffe ses camarades pour se faire des sous. « Grâce à la coiffure, depuis que j’ai mis pieds à l’université, je ne demande plus d’argent à mes parents. J’arrive à subvenir à mes besoins », confie Aimé Somé.

Comme lui, Aboudou Koné est aussi étudiant et coiffeur à la cité universitaire de Koubawé. Il officie sous le même apatam que son camarade Somé. C’est généralement pendant les week-ends et ses temps libres qu’il arbore sa casquette de coiffeur. C’est une activité qui permet à l’étudiant d’être autonome. « Avant la coiffure était à 200 F CFA à notre niveau. Mais nous sommes passés à 300 F CFA pour tous les modèles sans teinte. Je fais les coiffures accompagnées de teinte à 700 F CFA. Dans la journée, je peux avoir 7 à 10 clients. Ça m’aide à être autonome et à ne pas demander de l’aide à la famille », Aboudou Koné se montre visiblement fier de lui-même.
Etudiante en 3è année d’anthropologie, Minata Zallé, quant à elle, se fait de l’argent dans la coiffure féminine à ses heures libres. Une activité qu’elle a commencé à exercer depuis 2022. Pour elle, ce sont les difficiles conditions de vie en cité qui l’ont poussées à prospecter le terrain de la coiffure féminine.
Elle dit avoir eu un début difficile mais aujourd’hui, elle ne regrette pas son choix. « Au début, je voyais des filles partir se tresser hors de la cité à des coûts élevés pour de simples tresses. Et du coup, l’idée m’est venue de me lancer dans la coiffure à des prix étudiants. Ç’a été facile pour moi parce que je maîtrisais déjà la tresse avant de venir en cité. Donc j’ai commencé à faire mon marketing auprès des filles dans les couloirs. Aujourd’hui dans la journée, je peux avoir trois à quatre clientes avec au minimum 500 F CFA », explique -t-elle son business.
Des étudiants réparateurs de téléphones…
Comme les étudiants coiffeurs, Moussa Yougbaré et Fataou Tougma sont des réparateurs de téléphones dans la cité Koubawé. Moussa est l’ancien apprenti-réparateur de Fataou. Il a développé son propre business de réparation à l’intérieur de la cité tandis que son maître Fataou officie à l’extérieur face à l’entrée principale de la cité.
Tous deux (02) réparent les téléphones de leurs camarades étudiants pour se faire de l’argent. Diplômés de licence en Histoire pour l’un et en Génie Civil pour l’autre, ils gagnent bien leur vie avec cette activité. Selon Moussa Yougbaré, tout étudiant doit avoir plusieurs cordes à son arc. « Les études, c’est génial mais il faut apprendre aussi à faire quelque chose de ses propres doigts. Et c’est possible ici en cité », affirme-t-il.

Diplômé en génie civil, Fataou quant à lui, dit s’être lancé dans la réparation de téléphones pour répondre aux besoins des étudiants en la matière. Aujourd’hui, il a la confiance de beaucoup de ses camarades étudiants qui n’hésitent pas à se référer à lui en cas de panne de téléphone.« Au début, j’avais commencé à l’intérieur de la cité avec juste des outils nécessaires pour la réparation. Mais au fil du temps, mon business a connu une ascension. Et à un moment donné, je me suis dit, pourquoi ne pas sortir de la cité pour m’établir en bonne et due forme tout en gardant les étudiants comme cibles. C’est ainsi que j’ai ouvert ce coin de réparation de téléphones et de vente d’accessoires de téléphone devant la cité », explique-t-il
Il se dit satisfait de l’évolution de son business. Il est par ailleurs fier d’avoir formé certains de ses camarades étudiants au métier de réparation de téléphones.« Je suis fier de moi car j’ai appris le métier avec quelqu’un et aujourd’hui des gens apprennent avec moi. Tout n’est pas que rose mais on s’y maintient. Je vends des accessoires ou répare des téléphones à un prix étudiant c’est-à-dire à un prix bas pour juste fidéliser souvent la clientèle. Ils me connaissent tous et pour cela je leur propose mes services à bons prix », ajoute-t-il.
Des teinturières de Koko Dunda et des commerçantes en cité
Dans la cité universitaire de Koubawé, des filles s’illustrent dans l’entrepreneuriat. C’est le cas de Alida Kouda et Awa Sawadogo qui sont engagées dans la teinture de pagnes Koko Dunda. Pour Alida Kouda, il est inacceptable d’être à l’université et continuer de dépendre entièrement des parents. Elle dit s’être formée au métier de teinture à 10 000 F CFA dès sa première année à l’université. Avec ce savoir-faire, elle a su développer un business parallèle à ses études.

Elle tire bien son épingle du jeu et arrive à se prendre en charge. « Je ne voulais pas rester à ne rien faire pendant mes heures libres. J’ai donc décidé de me faire former en teinture de pagne Koko Dunda. C’est une activité rentable mais le problème c’est qu’on travaille sous commande et souvent nous faisons un long moment sans commande. Il faut que je précise que la teinture de pagne Koko Dunda ne m’empêche pas de bien poursuivre mes études », précise-t-elle.
Awa Sawadogo, elle est étudiante en 2è année de lettres modernes. Pour elle, l’activité de teinture la permet de subvenir à ses besoins sans faire recours à ses parents. Elle estime qu’être étudiante n’est pas une fin en soi. Elle invite donc ses camarades à entreprendre pour éviter d’être des adultes à charge.
Étudiante en 2è année d’anglais, Alida Tiendrébéogo est pensionnaire de la cité Koubawé. En plus des études, elle est enseignante vacataire dans un centre de développement pour enfant de la place. Elle est également tenancière d’une boutique de divers produits face à l’entrée principale de la cité. Ses camarades sont ses principaux clients.

Pour elle, la boutique est sa principale source de revenus. Pour ce faire, elle emploie une personne pour assurer ses arrières quand elle est absente. Alida Tiéndrébéogo bien plus qu’une étudiante, est une amazone qui cherche à se faire une place au soleil indépendamment des études.
Ces étudiants-entrepreneurs sont juste un petit échantillon de ces étudiants qui allient études et entrepreneuriat dans la cité universitaire de Koubawé. Cet esprit qui gagne du terrain dans le milieu estudiantin bobolais et burkinabè en général, augure d’une nouvelle génération d’étudiants qui ne veulent pas chômer à la fin de leurs études.
Ali Djibey (stagiaire)/Ouest Info





Je suis Drissa OUATTARA, étudiant en économie, gestion des entreprises et organisations ( EGEO) , je tiens vraiment à féliciter nos frères et sœurs étudiant(e)s et entrepreneur, ils nous aident beaucoup dans nos différents besoins dans les domaines ci dessus. La cité Universitaire est pour nous un nouveau monde de brassage culturel, donc on fait face à plusieurs réalités, et opportunités. Toutes mes félicitations à tous ceux ou celles qui mouillent la main pour leur propre sort.