Ayant des origines lointaines, Dafra aurait été découvert par les premiers occupants de la ville de Sya. Plus qu’une source d’eau ordinaire, elle est le lieu abritant les silures sacrés, symbole de la commune de Bobo- Dioulasso, en plus d’être un site de pèlerinage. Son importance n’étant plus à démontrer pour la ville et même au-delà, le maire de Bobo- Dioulasso et son conseil municipal ont décidé de l’organisation, le 11 janvier 2020, de la journée du Dafra, une initiative sans précédent selon les anciens.
Situé à quelques kilomètres aux encablures de Bobo-Dioulasso, Dafra joue un rôle depuis le temps des anciens qui n’a fondamentalement pas tant changé.
En effet ce lieu était exclusivement réservé aux rites et à la formulation de divers vœux (ascension professionnelle, fécondité…), tout en émettant des promesses en cas de réalisation.
Une fois lesdits vœux exaucés, il appartient à l’intéressé de revenir honorer ses engagements, qui du reste ont valeur de dette. De nos jours, selon Simon Pierre Sanou, chef de terre de Dioulassoba, Dafra a toujours cette faculté d’exaucer les vœux, pour peu qu’on soit sincère.
Dafra c’est également un lieu qui a toujours permis selon les anciens à la ville de Sya de se prémunir d’éventuelles attaques ennemies et toutes autres formes de menaces. Elle a été en sus une zone de transit pour notamment les Dafing, colporteurs, qui s’y approvisionnaient en eau avant de continuer leur chemin vers le Maghreb, dixit l’historien Bruno Doti Sanou l’ors de la journée du Dafra.
De plus en plus ce lieu affiche un autre visage, qu’est celui touristique. Ils sont en effet nombreux ces touristes qui viennent du Burkina ou de l’international pour visiter Dafra, d’aucun par plaisir et par curiosité et d’autres pour un pèlerinage.
Pour aller à Dafra, il faut selon Simon Pierre Sanou aviser et manifester son désir d’y aller auprès des responsables coutumiers, un guide choisi généralement parmi les anciens sera mis à disposition.
Une fois cette étape protocolaire franchis, il faut par la suite s’attaquer au chemin accédant à ce site qui n’est cependant pas des plus aisés. Il faut faire preuve d’endurance et développer des facultés gymniques.
Le pèlerin pour Dafra, précise Simon Pierre Sanou ne doit porter aucun vêtement ou objet de couleur rouge. Il est tout aussi demandé aux femmes en période de menstrues de s’abstenir de s’y rendre. Selon Bruno Doti Sanou, les anciens pour le pèlerinage à Dafra ne disaient plus mots de la maison jusqu’à destination et il en était de même de Dafra au point de départ.
Quant aux offrandes, elles varient d’un individu et d’un souhait à un autre, nous disent les anciens. Elles peuvent être constituées de poules, de pintades, de moutons ou de bœufs.

Les silures de Dafra sont sacrés aux yeux des bôbô mandaré. D’aucuns relatent qu’ils sont la réincarnation des ancêtres. Pour ce faire ils ont droit à des inhumations dans du linceul blanc, des funérailles à l’image des êtres humains. Leur caractère sacré leur confère même le droit d’être relâché si un pêcheur les remonte accidentellement dans son filet.
Hors mis à Dafra, on pouvait aisément apercevoir ces silures dans le marigot Houet traversant la ville du Nord au Sud. Toute chose qui aujourd’hui est très difficile du fait des actions anthropiques.
En effet, ce marigot, de plus en plus devient un lieu de dépotoir et de drainage des eaux usées de certaines usines qui font que les silures y sont actuellement quasi inexistants.
Conscient de la situation, des démarches ont été entrepris dans le but d’aménager les berges du marigot Houet et le conseil municipal de Bobo- Dioulasso avec à sa tête Bourahima Sanou décida le 11 janvier 2020 de l’organisation de la journée du Dafra.
Abdoul-Karim E. Sanon