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Burkina/Production du coton biologique : A Pâ, les femmes en ont fait leur affaire

La production du coton biologique s’enracine dans le département de Pâ. Dans cette localité située dans la province des Balé, région de la Boucle du Mouhoun, il y a des femmes qui produisent bien cette variété de coton qui proscrit l’utilisation de produits agrochimiques. Elles en ont fait leur principale activité génératrice de revenus. Immersion dans le milieu de ces femmes productrices qui s’illustrent dans la culture du coton biologique.

Dans la commune de pâ, le coton se produit bien à l’instar des autres localités de l’ouest du Burkina. Mais la production de coton à Pâ a une particularité. Parmi les champs de coton, nombreux sont ceux où se produit le coton biologique. Beaucoup de producteurs de cette variété de coton dans la localité sont des femmes. Si chacune d’elles a une histoire singulière avec ce choix de production ennemi, dirait-on, des produits agrochimiques ; elles ont toutes de bonnes raisons de s’adonner à la production du coton biologique.

Exploitant des superficies allant de 0,25 hectare à 03 hectares, les femmes productrices de coton biologique de la commune de Pâ sont rompues à la tâche. A première vue, la physionomie de leurs parcelles donne envie de s’improviser en producteur de coton biologique. Mais derrière cette belle physionomie se cache la dure réalité de tâches routinières à accomplir. Depuis la pousse du cotonnier jusqu’à la maturation des capsules, le traitement se fait de manière hebdomadaire à l’aide de biopesticides.

Une vue d’un champ de coton biologique

Les productrices de la commune de Pâ ont un appui technique de la part de l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB). Par l’intermédiaire de ses agents commis à l’encadrement des producteurs de coton biologique, l’union met à la disposition de ces producteurs, bioprotect, un biostimulant et biopesticide agricole conditionné au Burkina Faso.

Sans biofertilisants et biopesticides, pas de coton bio

A côté de cette dotation, il y a des techniques de fabrication de biopesticides traditionnels connues des productrices de coton biologique de Pâ. Il s’agit des feuilles et grains de neem qu’elles combinent avec du piment et d’autres ingrédients naturels pour obtenir un composé biologique pour le traitement de leurs cotonniers. Si certaines combinent les produits qu’elles savent fabriquer avec bioprotect, celles qui veulent minimiser les coûts de production de leurs parcelles n’utilisent que les biopesticides issus des feuilles de neem pour traiter leurs champs de coton biologique. A la place de l’engrais chimique, les productrices de coton biologique de Pâ utilisent des biofertilisants. Ces engrais organiques naturels sont généralement issus d’excréments d’animaux, d’excréments humains ou de matières végétales notamment le compost.

Les biofertilisants sont utilisés pour le traitement des parcelles de coton bio

Mais avant le respect de cet itinéraire technique nécessaire à la production du coton biologique, le choix de l’emplacement de la parcelle est primordial. La parcelle où on doit produire du coton biologique ne doit pas être en contact direct avec un champ où la production se fait à l’aide de produits agrochimiques. Cette précaution vise à protéger la nature biologique des cotonniers qui se veulent être sans produits chimiques. Ce qui fait que les champs de coton biologique se désherbent à la main ou par des bœufs de trait. Pour produire le coton biologique, c’est tout un tas d’exigences et de précautions à observer et à respecter.

Et les femmes productrices de coton biologique de Pâ observent scrupuleusement ces principes directeurs de cette production agricole à la fois prenante et exigeante. Mieux, elles se forment progressivement aux techniques de production agricole bio pour augmenter leurs superficies et accroitre leurs rendements.

Le compost à la place de l’engrais chimique

La culture du coton bio est pénible pour les femmes mais rentable

N’Yanzon Yaro est une femme trentenaire productrice de coton biologique. Elle a bénéficié d’une formation intensive en production de biopesticides et de biofertilisants de la part de l’UNPCB en 2023 à Bobo-Dioulasso. Elle tient une parcelle de 0,25 hectare. La physionomie de son champ de coton biologique est belle. Comme secret, elle n’applique que l’itinéraire technique que l’agent de suivi de l’UNPCB indique.

N’Yanzon Yaro tient une parcelle de 0,25ha de champ de coton biologique

En plus de cela, elle met en œuvre les techniques de fabrication de biopesticides et de biofertilisants qu’elle a apprises avec l’UNPCB pour avoir des produits de traitements et d’entretien naturels. A sa troisième année d’expérience dans la culture du coton biologique, elle ne regrette pas de s’y être lancée. Pour elle, c’est une activité agricole très pénible mais aussi très rentable. Elle trouve le prix d’achat alléchant.

« Avec la production du coton biologique, on dépense peu et on gagne plus. C’est juste que ça demande beaucoup plus d’attention et de temps de travail que les autres spéculations agricoles. En plus de tout cela, le prix d’achat du coton est bon. Ça s’achète à plus de 350 FCFA le kilogramme. Et quand on vient pour nous l’acheter, on reçoit tout notre argent en une tranche. Cela nous permet de bien planifier nos dépenses et d’utiliser l’argent à bon escient ». C’est le témoignage de Yanzon Yaro sur les avantages de son choix de produire le coton biologique.

Bambousa Gnoumou et Fantasa Yaro sont deux (02) autres productrices qui exploitent également chacune 0,25 hectare. Sur leurs parcelles, les cotonniers en phase de capsulaison ont très bonne mine. Si Fantasa est novice dans cette production, Bambousa est quant à elle à sa troisième campagne de production. La novice attend la fin de sa première campagne de production pour apprécier l’activité tandis que Bambousa est déjà presque bien rodée en ancrée dans la culture du coton biologique.

Bambousa Gnoumou est aussi une productrice du coton biologique

Cette dernière a choisi la production du coton biologique car son mari en est un excellent producteur. Elle bénéficie ainsi de l’expérience et des moyens de ce dernier pour faire de bons rendements. Ce qui permet à la jeune dame de tirer son épingle du jeu. La raison qui maintient surtout Bambousa Gnoumou dans la production du coton biologique, c’est sa rentabilité.

« C’est une activité qui est pénible car presque tout se fait à l’aide d’énergie humaine. Que ce soit le désherbage ou le traitement qui doit se faire chaque semaine. Mais au-delà de la pénibilité, il faut aussi reconnaitre que c’est une activité rentable. Il y a de plus en plus d’engouement surtout les femmes qui commencent à comprendre l’intérêt du coton biologique. Sur une quinzaine de personnes dans notre groupement de producteurs de coton biologique, il y a sept (07) femmes. Ce qui montre que les femmes s’investissent de plus en plus dans la production du coton biologique ». C’est l’explication que Bambousa Gnoumou donne à son maintien dans la production du coton biologique malgré la pénibilité des conditions de production.

« La culture du coton bio préserve nos terres et notre santé et ça nous fait gagner plus d’argent« 

Comme les deux précédentes femmes, Mouvè Tinga Tianou, Tinin Dogon Mihin sont aussi deux (02) femmes productrices de coton du village de Boro dans la commune de Pâ. Elles exploitent chacune un (01) hectare de coton biologique. Ces femmes ont toutes commencé cette production avec 0,25 hectare de parcelle d’exploitation. En cinq campagnes, elles sont, chacune à un hectare soit quatre (04) fois leurs superficies de départ. Ces productrices qui se connaissent et qui se partagent les expériences ont des témoignages concordants sur les avantages qu’elles attribuent à la culture du coton biologique.

Ces insectes (mille pattes) sont la preuve qu’un produit chimique n’a été utilisé dans cette parcelle

Elles reconnaissent que la production du coton biologique est prenant mais les rendements sont toujours à la hauteur de l’effort fourni. Elles sont convaincues que plus l’on enrichit son champ de biofertilisants et utilise bien les biopesticides à intervalle régulier, plus l’on gagne. Selon elles, le coton biologique est une culture sûre et trahit rarement les espoirs.

En plus de cet avantage, les deux (02) femmes sont conscientes que l’utilisation des biopesticides et des biofertilisants favorise la préservation de la fertilité des terres pour une production durable. « Les terres se font de plus en plus rares. Nous savons que toutes les cultures où l’on utilise les produits agrochimiques épuisent les terres. C’est pourquoi, nous avons opté pour la production du coton biologique. Ça préserve nos terres et notre santé et ça nous fait gagner plus d’argent ». C’est le résumé que fait Tinin Dogon Mihin de leur engagement dans la production du coton biologique.

Ansawara Bonou est une des meilleures productrices de coton biologique de la commune de Pâ. De 0,5 hectare en 2018, elle est passée à trois (03) hectares de coton bio à la campagne 2024-2025 en cours. En six (06) ans d’expérience, elle a multiplié sa superficie de départ par six (06). Dans son champ, la taille des cotonniers à certains endroits est capable d’engloutir une personne de taille moyenne.

Pour la campagne 2024-2025, Ansawara Bonou tient 03ha de coton biologique

Cette taille des cotonniers laisse entrevoir un scrupuleux respect de l’itinéraire technique exigé pour une bonne productivité dans la culture du coton biologique. Épouse d’un gros producteur de coton, elle s’est lancée dans la production du coton biologique pour plusieurs raisons. Ansawara Bonou trouve que le traitement du coton biologique est très simple et n’engage presque pas de dépenses. Ce qui fait que c’est une activité agricole très rentable. Productrice modèle, elle est membre et par ailleurs secrétaire générale du GPC Han Nii Wii (Essayer voir en bwamu) dirigé par son époux.

Avec la belle mine que présente son champ de coton, elle espère faire le meilleur rendement de toutes les campagnes de sa carrière dans la production du coton biologique. La seule difficulté que souligne dame Bonou dans la culture du coton biologique, c’est le désherbage des parcelles surtout quand l’on a affaire à une grande superficie. « Vu que c’est de la production bio, on ne doit pas utiliser des herbicides. C’est ce qui nous fatigue. Mais moi, je me fais aider par mes enfants ». Ansawara Bonou relève le désherbage des parcelles à la main comme principale difficulté rencontrée dans la production du coton biologique. Mais cette difficulté ne cache pas les avantages de la culture de cette variété de coton chez la productrice modèle. « En dépit de la difficulté liée au désherbage, le coton biologique est facile à produire. Le traitement n’engage pas de frais et on n’a aussi pas besoin de payer des herbicides. Et le prix d’achat est bon. Donc à la vente du produit, tout ce que tu encaisses, c’est pour toi. Il n’y a pas de dettes à éponger ». Ansawara Bonou explique comment la culture du coton biologique est rentable.

Par curiosité journalistique, nous attirons l’attention de certaines productrices sur une remarque que nous avons faites dans toutes les parcelles de coton bio que nous avons visité. Il s’agit de la présence d’insectes, d’abeilles, d’araignées, de mille pattes, d’escargots et bien d’autres petites espèces animales friandes de feuilles de cultures agricoles. Comment ces petits animaux ravageurs peuvent-ils être présents dans un champ de coton sans attaquer les cotonniers ? « C’est un signe caractéristique des champs de production agricole biologique », nous répond l’agent technique coton bio qui encadre les femmes productrices que nous avons rencontré. Nous comprenons tout de suite que les biopesticides que les productrices utilisent ne sont que des répulsifs. Ils ne tuent pas les ravageurs mais les chassent pour un moment. Ce qui est favorable à l’équilibre de la biodiversité. Dans des échanges poussés avec certaines productrices sur les avantages de la production du coton bio, certaines d’entre elles nous apprend que leurs cotonniers ont par exemple mieux résisté aux attaques des jassides des deux dernières campagnes cotonnières car elles disent avoir bien tiré leur épingle du jeu comme d’habitude.

Edwige Soma, agent technique coton bio, est chargée de l’encadrement des femmes productrices

Edwige Soma est l’agent technique coton bio qui encadre ces femmes productrices de coton biologiques de Pâ que nous avons rencontrées. Elles expliquent les exploits des femmes productrices dont elle assure l’encadrement par les formations en production de fumure organique, de compost et de biopesticides à l’aide de feuilles et de grains. En plus de ces formations, ces femmes, selon Edwige Soma, mettent du sérieux dans le processus de production.

C’est pourquoi, elle estime qu’elles ont une part importante dans la production du coton biologique dans sa zone de couverture territoriale. Malgré les difficultés liées aux problèmes de terre et au manque de matériel de travail, les femmes continuent de s’engager dans la production du coton biologique à Pâ, foi de l’agent technique coton bio de la zone.

Les productrices du coton biologique de Pâ que nous avons rencontré ne sont qu’un échantillon des femmes qui sont engagées dans cette production intéressante pour l’usine d’égrenage de coton de Koudougou qui en a fait sa chasse gardée.

Abdoulaye Tiénon/Ouest Info

La rédaction
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Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

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