L’association Colibri Sud a organisé un atelier national sur la répression de la consommation de la drogue. Objectif, réfléchir sur des mécanismes de prévention positive du fléau au Burkina Faso. Ce sont ainsi une trentaine d’acteurs issus de de la société civile qui ont pris part à ces échanges dans la journée de ce vendredi 07 octobre 2022 à Bobo-Dioulasso.
Réfléchir sur la loi N° 017/99/AN portant code des drogues au Burkina Faso pour une relecture en vue de trouver des mécanismes de prévention plutôt que de réprimer. C’est le principal objectif de ce cadre d’échange organisé par l’association Colibri Sud autour de la drogue et ses conséquences au Burkina Faso. Les propositions qui seront issues de cet atelier visent à servir d’instruments de plaidoyer auprès de l’Etat pour un changement de paradigme en matière de lutte contre la consommation de la drogue.
Pour l’association Colibri Sud en effet, les usagers de la drogue au Burkina Faso sont confronté à un arsenal juridique répressif qui n’est pas favorable au respect des droits humains. Toute chose qui entraine selon les responsables de l’association, un faible accès des consommateurs de la drogue aux services de prévention et des soins. Ce qui les expose aux maladies transmissibles par voie sanguine telles que le sida et les hépatites.

Coordonnatrice de Colibri Sud, Docteur Cherileïla Thiombiano place le présent atelier dans une démarche de propositions pertinentes qui seront à mesure de convaincre l’autorité à alléger les lois qui concernent la drogue au Burkina Faso. Pour elle, la répression n’est pas une solution à tous les niveaux. Il vaut mieux, estime-t-elle, de permettre aux usagers de la drogue d’avoir un accès facile aux soins. « Les usagers de la drogue sont des gens qui se cachent à cause de la répression. Or ils ont besoin d’être soignés. Avec des soins de qualité, ils peuvent sortir de leur addiction à la drogue. Au lieu de réprimer, il vaut mieux favoriser une réinsertion de ces personnes. Sinon tant qu’on ne va pas les aider dans ce sens, on restera toujours dans le cercle vicieux du fléau », a-t-elle indiqué.
Présidente de la plateforme nationale de plaidoyer et de lutte contre l’abus des drogues, Christine Kafando inscrit cette initiative en droite de ligne avec les recommandations de la commission ouest africaine des drogues. Pour elle, les différents pays de l’espace régional doivent se conformer à ce document d’orientation qui propose la prévention en lieu et place de la répression. « Dans nos pays, la répression est plus forte que les programmes de sensibilisation et de réinsertion sociale. C’est pourquoi, la société civile que nous sommes, se mobilise en faveur de programmes de prise en charge des usagers de la drogue. Nous estimons que les budgets de répression peuvent permettre de mettre en place des programmes de réduction de risques et de réinsertion. Pour cela, la société civile doit s’engager pour que le regard de la société sur les victimes de la drogue change. Cela est possible par la prévention positive », précise Christine Kafando.

Chef d’antenne régionale du secrétariat permanent du conseil national de lutte contre le sida et les IST, Oumar Sanou fait savoir que le plaidoyer pour une préventive positive de la consommation de la drogue est aujourd’hui plus que nécessaire. Il estime que la prévalence du sida est élevée dans les rangs des consommateurs des drogues injectables. Pour ce faire, il n’a pas manqué de saluer la démarche de Colibri Sud qui vise, selon lui, à impulser une nouvelle dynamique à la lutte contre la consommation de la drogue.
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Représentant le secrétariat permanent du comité national de lutte contre la drogue par ailleurs responsable du département prévention et suivi de la législation, Levis N. Yoda ne dira pas le contraire. Pour lui, la société civile est un acteur incontournable dans la stratégie de lutte contre la drogue au Burkina Faso. « Le Burkina est en train de passer de statut de pays de transit de la drogue à un statut de consommateur. Pour cela, nous avons vraiment besoin de l’implication de la société civile pur inverser la tendance », plaide Levis N. Yoda.
Notons que l’Association Colibri Sud est membre de la plateforme nationale de plaidoyer et de lutte contre l’abus des drogues.
Abdoulaye Tiénon