Il n’y a pas qu’une seule façon de gagner sa vie dans la cité du Bankuy. Et cela, Maimounata Dianda et ses camarades semblent l’avoir bien compris. Elles se font employer par Aude Claudine Ki dans sa ferme. Y travaillant dans la production de pépinières, ces femmes que leur patronne qualifie de « braves » ont décidé de rompre avec l’oisiveté en cette période de saison sèche. Ce travail, selon elles, leur permet de gagner un peu de sous pour développer de petites activités génératrices de revenus.
Aude Claudine Ki est propriétaire d’une ferme située dans le quartier Moundasso au secteur 06 de Dédougou. Elle y mène diverses activités dont l’élevage de volaille et la production de pépinières. Pour cette dernière activité, elle s’est attaché les services de six (06) femmes, toutes des ménagères. « Ces femmes sont la cheville ouvrière dans la production de pépinières que vous pouvez constater dans la ferme », fait-elle savoir.
Dans le répertoire de plantes de Aude Claudine Ki, on y trouve différentes variétés végétales parmi lesquelles il y a des eucalyptus, de l’anacarde et du moringa. A ce lot de plantes, s’ajoutent des espèces florales comme des bougainvilliers, des couronnes du christ, des belles du jour et des flamboyants de plusieurs sortes.

Ce travail, elle le fait depuis 2014 ; bien avant sa rencontre avec Maïmounata Dianda et ses camarades dont elle évoque les circonstances toujours fraiches dans sa mémoire. « Au départ, j’avais engagé un homme pour veiller sur la ferme. Un jour, Maïmounata Dianda est venue voir ce dernier pour lui demander de me transmettre un message selon lequel elle est à la recherche de travail. Ma première réponse à la sollicitation était que je n’avais pas de travail à lui proposer », se remémore dame Claudine.
Persévérante et focus sur son objectif de trouver quoi faire, la ménagère a continué à taper à la porte de celle qu’elle appelle aujourd’hui la patronne. « Je ne voulais pas m’accommoder de l’oisiveté. Mon but était de trouver coûte que coûte une activité à mener qui allait me rapporter un peu d’argent surtout pendant la saison sèche », confie la chercheuse de travail d’alors.
Et son insistance paya. Elle a été engagée par la propriétaire de la ferme pour changer les pots abîmés des plants dès sa première année de travail. Maïmounata Dianda y travaille depuis maintenant six (06) années.
« Au regard de sa volonté et de sa participation à la vie de la ferme, la confiance s’est vite installée entre nous », a témoigné Claudine Ki à propos de Maïmounata Dianda avant de renchérir : « Je lui ai alors proposé de trouver d’autres femmes qui acceptent de faire le travail. » C’est ainsi que ces femmes se sont retrouvées au service de Aude Claudine Ki.
Quand la quête du pain rime avec écocitoyenneté
Le travail demandé à ces ménagères consiste à collecter des sachets plastiques (sachets d’eau de 25 f CFA). « Quand nous allons à des mariages ou à des baptêmes, nous ramassons les sachets que les gens jettent après en avoir consommé l’eau », relate Fatimata Dianda, une des six (06). Ces femmes parcourent également la ville de Dédougou à travers les dépôts d’ordures à la recherche de cet objet « précieux ».
Selon madame Ki, ce geste est doublement bénéfique. Car il témoigne non seulement de leur sens de la propreté de leur cadre de vie et de l’environnement aux yeux des autres populations, mais aussi leur permet de tirer des avantages économiques.
Une fois les sachets collectés, elles les ouvrent d’un côté, et de l’autre, les perforent à deux (02) endroits. Par la suite, ces sachets sont remplis de terre non argileuse mélangée avec de la fumure organique, histoire de faciliter l’infiltration de l’eau et le développement rapide des plantes. Ces sachets qui contiennent de la terre sont bien arrosés pour être destinés à servir soit pour l’ensemencement des grains soit pour le repiquage des plants.

En contrepartie de leurs efforts, les femmes perçoivent une rétribution. En effet, pour 1000 sachets collectés, la personne perçoit la somme de 2500 f CFA alors que leur remplissage de terre lui rapporte 3500 f CFA.
Rencontrées sur le site de la ferme, trois (03) des six (06) femmes cachaient à peine leur satisfaction de mener cette activité. A en croire ces dernières, l’argent obtenu de ce travail leur permet de développer de petites activités commerciales. « Chacune de nous ici peut témoigner. Nous utilisons l’argent pour faire du commerce de fruits comme la banane et les mangues. Nous fabriquons aussi du savons pour vendre », s’est satisfaite Maïmounata Dianda.
Le souhait de ces femmes est de voir leur employeuse agrandir son jardin pour leur donner plus d’opportunités de travail. Mais leur vœu bute contre une réalité non reluisante : l’indisponibilité de l’eau sur le site. Le puits creusé au sein de la ferme tarit régulièrement hypothéquant ainsi les ambitions de Aude Claudine Ki.
Sougrinonma Belem/Correspondant à Dédougou