Sans salaires depuis 7 mois, les femmes de la brigade verte de Dédougou vivent des périodes extrêmement difficiles. Le paradoxe, c’est qu’elles continuent de faire leur boulot. Bien évidemment sous les ordres de leur employeur, la commune de Dédougou. Réduites au silence et sous la menace de perdre leurs emplois, elles ont décidé aujourd’hui de sortir du mutisme, parce-que la situation est devenue intenable.
Humiliées et sans aucun sous depuis plusieurs mois, les femmes de la brigade verte de Dédougou sont dans le dénuement total. Sept mois sans salaire, ce matin du samedi 9 mai, lorsque nous les rencontrons, elles ont gros sur le cœur.
L’air inquiètes, elles affirment que de toute leur carrière, ce sont les pires moments qu’elles n’ont jamais vécus en tant qu’employées au sein de la brigade verte. Des veuves pour la plupart, les plus anciennes d’entre elles se souviennent que, de la date de leur recrutement dans les années 2000 à ce jour, c’est la toute première fois que des impayés de salaires s’accumulent jusqu’à ce niveau.
Certaines, à l’image de dame Awa Porgo, aujourd’hui âgée de 61 ans et qui a déjà travaillé sous deux maires différents rappelle que les salaires impayés n’ont jamais excédé 2 à 3 mois. Et en pareilles circonstances, le paiement se fait toujours avec un rappel. « De tout les maires que nous avons vus se succéder, nous n’avons jamais connu ce que nous vivons actuellement », renchérit la porte-parole désignée du groupe, Honorine Dayo.
La mine grave et le regard médusé, elle prend néanmoins soin d’expliquer les faits en déclarant que : « depuis que nous avons perçu le salaire du mois d’octobre, nous n’avons plus rien perçu. Au départ, on espérait que les choses allaient rentrer dans l’ordre tôt. A un moment donné, nous étions à quatre, puis à cinq mois. A partir de ce moment, nous avons alerté nos responsables pour qu’ils règlent le problème. Nous avons même proposé qu’à défaut de régler la totalité des mois impayés, qu’on nous paye au moins une partie, puisque nous ne vivons que de ces revenus. Ils nous ont dit de garder patience, que la situation allait se débloquer très bientôt. Sauf que depuis lors, nous n’avons plus d’interlocuteur en face. Même nos responsables refusent qu’on aborde le sujet. Si tu t’hasardes à le faire, on menace de te chasser. Aujourd’hui, la situation est intenable, nous ne pouvons plus nous taire ». Et d’ajouter que : « Centaines parmi nous, 9 au total, ont déjà abandonné le job ». « Déjà que nous avons du mal à honorer nos charges avec ce modique salaire de 18.000 FCFA/ mois, si on refuse de nous le payer encore, franchement on ne sait plus quoi faire », se lamente-t-elle.
Aujourd’hui, les 38 femmes de la brigade verte ne sont pas au bout de leur peine et elles ne savent plus à qui se confier au niveau de la mairie. Car à en croire madame Dayo, aux derniers moments, elles auraient tenté sans succès de rencontrer le maire. « Je pense que les responsables communaux font preuve de mauvaise volonté. Nous avons essayé à plusieurs reprises de rencontrer le maire pour exposer directement notre problème, mais il refuse de nous recevoir. Pour nous, c’est la chose la plus regrettable ! Car, comment un maire que nous avons élu peut-il refuser de recevoir ses administrés, de surcroît des gens qui travaillent sous sa tutelle ? Toutes nos tentatives pour obtenir la réaction de la mairie sont restées veines. Notre souhait, qu’on nous écoute, car même Dieu écoute les humains », déclare-t-elle.
Dans tous les cas, il est temps que le maire de la commune de Dédougou se penche sérieusement sur ce dossier. Parce que, ces femmes ne réclament que leur dû. Un dû qu’elles ont durement obtenu à la sueur de leur front. Sept mois sans salaire, ce n’est pas chose aisée sous nos tropiques.
Ousmane TRAORE (In l’Express du Faso)