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Bobo-Dioulasso : Agée de 15 ans, Saï rêve de devenir une soudeuse professionnelle

Jeune élève de 15ans, Saïda ambitionne de devenir une soudeuse métallique professionnelle. Arrivée dans l’apprentissage de ce métier par la volonté de son père, Saïda finit par tomber amoureuse de la Soudure. Malgré son jeune âge, son entourage voit en elle déjà une fille modèle. Une équipe de Ouest info est allée à sa rencontre au secteur 29 (Belleville) de Bobo-Dioulasso.

Arrêtée, le regard bien fixé, bras croisés sur la poitrine, elle observe avec une attention particulière ce que font ses maîtres et co-apprentis devanciers. Tantôt, elle court pour chercher un marteau, tantôt, une scie métallique. Pratiquement rien de ce que font ses devanciers n’échappe à son soin.

Dans sa tenue de soudure, laissant par moment transparaitre un sourire admirateur de l’art de ses maitres, elle n’hésite pas à poser des questions si certains aspects de la construction à laquelle elle assiste lui échappent. Elle, c’est Saï, la jeune élève de 15 ans qui veut percer les secrets d’un métier qui a longtemps présenté un visage masculin au Burkina Faso et à Bobo-Dioulasso en particulier.

Derrière ce diminutif de prénom se cache une jeune fille acharnée au travail. De son vrai nom, Ouattara Rahinatou Saïda, Saï comme l’appelle son entourage est élève en classe de 5ème. A 14 ans, son père prend l’initiative de l’occuper pendant les vacances par l’apprentissage de la soudure métallique. Une décision à laquelle la jeune fille s’oppose d’abord car, dit-elle, le métier de soudure est très difficile.

Mais aujourd’hui, Saï prend un grand plaisir à apprendre ce métier duquel elle est finalement tombée amoureuse. « C’est de la volonté de mon père que je suis venue pour apprendre la soudure métallique. Je ne voulais pas le faire car je pensais que c’était un métier difficile. Mais actuellement, c’est un métier qui me passionne énormément. Il voulait m’inscrire dans une école technique mais les moyens manquent. C’est pourquoi il m’a inscrite ici pour apprendre la construction métallique en attendant que j’aie mon BEPC avant d’aller dans une école technique », nous confie Saï.

Pour elle, ses premiers pas dans l’apprentissage de ce métier, il y a une année de cela, n’ont pas du tout été faciles. « Je me rappelle le premier jour où je suis venue travailler dans l’atelier. Le lendemain j’étais tellement épuisée que j’ai dit à mon père que je n’y remettrai plus les pieds. Mais il m’a encore conseillée de prendre courage et d’y aller », se rappelle encore Saï, visiblement satisfaite de la carapace qu’elle est en train de se forger peu à peu dans ce métier qui demande un minimum de force physique.

Patron de Saï, Sylvain Ouédraogo est fier du travail de la petite

Sylvain Ouédraogo, est le patron de Saï.  Ce quarantenaire dit avoir été, à l’époque, surpris de cette décision du père de Saï de vouloir l’initier dans ce métier. « Quand son père est venu me dire que sa fille va venir faire la soudure chez moi, je lui ai répondu qu’il n’y a pas de problème même si j’en étais surpris. Mais au début c’était comme si la décision venait du père. Alors j’ai demandé à la fille à trois reprises si c’était sa décision et à chaque fois elle répondait qu’elle veut faire la soudure et c’est comme ça que cela a commencé”, nous relate-il.

Sylvain Ouédraogo n’a depuis lors pas eu de cesse d’encourager Saï à persévérer dans ce métier. « Parfois, on échange et je l’encourage à toujours prendre au sérieux ce qu’elle fait. Car tout ce que les hommes peuvent faire comme travail, les femmes aussi sont capables de le faire », nous fait savoir Sylvain Ouédraogo.

Selon lui, Saï est une jeune fille très studieuse et assimile vite ce qu’on lui apprend. « Elle part tout doucement avec le travail car elle apprend tout comme les autres. Elle vient le matin à l’heure et descend aussi à l’heure », témoigne le patron de Saï.

Avec ses autres devanciers, Saï apprend dans un esprit d’équipe. Seule fille parmi des garçons, elle se montre toujours respectueuse et attentive dans son apprentissage. Stéphane Ouédraogo est le chef d’équipe et le plus ancien des apprentis de l’atelier de Sylvain Ouédraogo. Il apprécie le travail de Saï. « Saï travaille bien et elle apprend vite ce qu’on lui dit. Elle n’a pas de problème et elle fait toujours bien ce qu’on lui suggère », nous confieStéphane Ouedraogo. Ce dernier souligne comme défaut apparent de l’adolescente, le fait qu’elle confond les outils de travail. Ainsi en lieu et place d’une clé qu’on lui envoie chercher, elle peut se tromper ramener un pinceau par exemple. « Souvent il peut arriver quand on lui dit de prendre une clé ou autre, elle se trompe d’outil. Mais cela arrive à tout le monde. Et vu qu’elle a commencé il n’y a pas longtemps, ça se comprend », nous explique Stéphane Ouedraogo.

Après l’étape de l’atelier de soudure, nous voici dans la cour familiale de Saï. Située à environ cent mètres de son atelier d’apprentissage. A notre entrée, nous trouvons une cour apparemment vide. Un manguier solitaire nous accueilli. Sur une terrasse, l’on aperçoit un tableau d’étude bien dressé et la porte de la maison ouverte. Des chaussures à l’entrée nous confirment une présence humaine. Nous lançons un “Bonjour”. “Bonjour” auquel, répond une voix féminine depuis l’intérieur de la pièce. C’est la voix de Sita Ouattara, la mère de Saï. Elle se précipite dehors et nous invite à prendre place. Après les salutations d’usage, nous lui exposons l’objet de notre visite. Rassurée, elle s’ouvre à nous sur l’apprentissage de Saï à la construction métallique.

Sita Ouattara, la mère de Saï

Elle nous confie avoir apprécié la décision du père de Saï de l’initier à la soudure métallique, question de la préparer à pouvoir faire quelque chose de ses dix doigts au cas où l’école ne marche pas. « J’ai apprécié cette décision du père de Saï de l’initier à la soudure. Cela lui permettra d’apprendre quelque chose de ses dix doigts. Son père veut l’inscrire dans une école technique mais comme on manque de moyens présentement, c’est pourquoi elle apprend la soudure pendant ses vacances », dit Sita Ouattara.

Pour elle, Saï est une fille obéissante et fait correctement ses tâches ménagères. Les jours où elle ne part pas à l’atelier de soudure, elle se consacre aux travaux ménagers. Mais son seul défaut, dit-elle, les quelques rares fois que Saï sort de la maison, il faut aller à sa recherche sinon elle reste avec ses amies au point d’oublier de rentrer. « Ce que je n’aime pas chez Saï, c’est que lorsqu’elle sort pour s’amuser avec ses amies, elle oublie qu’elle doit revenir à la maison. Il faut aller à sa recherche. Mais elle sort très rarement aussi de la maison », la mère de Saï nous décrit-elle ses rares incartades.

Du haut de son jeune âge, Saï affute doucement ses armes pour briser les secrets d’un métier où excellent très rarement les femmes. Elle entend ainsi aller jusqu’au bout de son rêve pour changer le paradigme entretenu depuis longtemps autour de certains métiers dits d’hommes notamment la soudure métallique.

Diakalia SIRI/ Collaborateur & Sita GUITTI/ Stagiaire (Ouest Info)

La rédaction
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Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

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