Pala est un village rattaché à la commune de Bobo-Dioulasso. Habité en majorité par des forgerons bôbô, le village dispose de lieux mythiques qui représentent un symbole pour ses populations. Gravés sur des parois rocheuses à la sortie Est du village, les traces d’un homme géant interrogent toujours la chefferie de ce village. A la rencontre du chef de village, il relate ce qu’il sait de ces traces.
A Pala, du plus jeune au plus vieux, tout le monde connait l’histoire des traces aux allures de pas humains géants sur le petit sentier tortueux qui relie le village à son voisin Kôrô. Sur place, on peut effectivement constater des entailles qui représentent à moitié ou intégralement des voûtes plantaires humaines.
La dimension de ces traces fait penser à une personne extraordinaire d’un autre âge. A côté de ces voûtes plantaires, on constate d’autres traces qui font référence à une canne dont se servait cet homme géant pour grimper la pente raide du rocher.
Ces traces seraient celles de Dinguin Gbaga, cet homme géant qui aurait habité le village de Pala il y a des siècles. Le lieu où sont gravés ses pas serait son lieu de passage habituel pour se rendre à Kôrô pour des besoins familiaux. C’est le récit de Seydou Sogossira Sanou, le chef de village de Pala.
Pour lui, Dinguin Gbaga serait un des ascendants de l’actuelle communauté bôbô de Pala d’une part et de Kôrô d’autre part. C’est pourquoi Seydou Sogossira Sanou voit en ses traces, un symbole et un héritage.
Pour garder cet ancêtre en mémoire, le chef de village prévoit une protection des lieux pour ne pas que l’action humaine fasse disparaitre un jour ces traces qui sont selon lui historiques et mythiques pour le village de Pala. Pour ce faire, il dit avoir engagé des démarches pour la sauvegarde du site compte tenu de l’avancée de la ville de Bobo-Dioulasso vers la zone.
D’ores et déjà les activités de bornage des lieux ont commencé. « C’est parce que nous ne valorisons pas encore ces traces qu’elles sont méconnues. Si ce n’est pas parce qu’en Afrique, nous aimons banaliser nos sites historiques, les traces des pieds de Dinguin Gbaga attireraient beaucoup de touristes et de scientifiques. Ce sont des symboles qui peuvent nous aider à valoriser notre culture. C’est pourquoi, nous avons décidé de préserver l’espace où se trouvent les pas d’un de nos ancêtres », précise Seydou Sogossira Sanou.
Pour ce dernier, le lieu de passage de l’homme géant est aujourd’hui un raccourci qui relie Pala et Kôrô, deux villages alliés. « Sans ces traces, il n’y aurait pas ce sentier de raccourci qui relie Pala à Kôrô car les pas de Dinguin Gbaga servent aujourd’hui d’escaliers pour grimper la raide pente des rochers qui sépare nos deux villages qui sont alliés », explique le chef de Pala.
Ce dernier compte voir, un jour les voûtes plantaires moulés de Dinguin Gbaga sur les rochers, devenir un site touristique et un lieu d’étude pour les scientifiques notamment les historiens et archéologues.
Abdoulaye Tiénon/Ouest Info