La campagne cotonnière 2022-2023 bat son plein. Les producteurs de la zone Sofitex sont mis à rude épreuve par les ‘’jassides’’. Ces insectes ravageurs tentent de briser le rêve des producteurs de coton qui promettaient la meilleure performance de toute l’histoire de la production nationale de coton. Ils ont attaqué les cotonniers et les producteurs sont déjà inquiets de l’issue de la campagne. Une mission de l’Union Nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) est allée visiter des champs attaqués par les insectes à Bondialédaga dans la commune de Léna. C’était dans la matinée de ce jeudi 29 septembre 2022.
Constater les dégâts et encourager des producteurs affectés par les ravages des insectes ‘’jassides’’ est le principal objectif de la sortie terrain de cette mission de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB).
Pour cette sortie, le point de chute des responsables de l’UNPCB accompagnés de techniciens de la Sofitex était le village de Bondialédaga. C’est Innocent Tiemtoré, producteur affecté par les ravageurs qui a reçu la mission sur ses deux parcelles touchées. D’une superficie de 1,5 hectare, la première parcelle du producteur visité par l’UNPCB a quasiment jauni. Servie en semis tardifs, cette exploitation est irrécupérable. Pendant que certaines capsules noircis jonchent le sol, d’autres restent accrochées aux cotonniers bien qu’affectées par les ‘’jassides’’.
Pour le producteur, c’est la catastrophe. « Dans cette exploitation de 1,5 hectare, je n’espère même pas 500 kilogrammes. Or en temps normal, je récolte en moyenne 2 tonnes à l’hectare. Les insectes ont attaqué nos plants très tôt cette année. C’est vraiment la désolation », lance Innocent Tiemtoré d’un air résigné.
Après ce triste constat, cap est mis sur sa deuxième parcelle de 3 hectares. Dans ce champ où ont poussé des cotonniers précoces, les dégâts des ravageurs sont moindres. On peut y voir des capsules de coton à maturité et prêt à être récoltées. Pour Innocent Tiemtoré, cette parcelle a un peu échappé au ravage des ‘’jassides’’. « Cette parcelle a un peu échappé aux insectes car ce sont des semis précoces que nous y avons mis. Au moment où les insectes sont arrivés, les capsules des cotonniers étaient presqu’à maturité. C’est ce qui fait que vous voyez un peu de coton à récolter ici », explique-t-il la physionomie de son exploitation de 3 hectares.
Avec les capsules qui ont échappé aux ‘’jassides’’, le producteur espère pouvoir récolter environ 2 tonnes de coton là où il espérait récolter 3 fois plus. Il craint de ce fait une situation qu’il n’imaginait pas au début de la campagne. « Avec la situation qui se présente, je risque d’avoir des impayés. J’ai un crédit de 400 000 FCFA mais je ne suis pas sûr de pouvoir payer plus de la moitié », s’inquiète Innocent Tiemtoré qui espère que la Sofitex comprendra la situation.
Malgré cet espoir déçu, Innocent Tiemtoré montre des traits de résilience. « Cette année n’a pas été bonne. Mais cela ne doit pas être une raison pour nous de baisser les bras pour les campagnes à venir. Nous devons rester mobiliser et déterminer. Nous sommes sûrs que les services techniques et les chercheurs trouveront une solution à ces ravageurs d’ici la prochaine campagne », fait-il savoir d’un ton optimiste.
President de l’UNPCB, N’Kambi Nikiébo a déploré cette situation inattendue. Pour lui, l’attaque de ces insectes n’est pas chose nouvelle. « Les ‘’jassides’’ attaquent les cotonniers presque toutes les campagnes. Mais ils venaient toujours trouver que les capsules des cotonniers sont à maturité. Cette année, ils sont venus plus tôt. Au début de la campagne, on a eu vent de leurs dégâts au Mali et ensuite en Côte d’Ivoire. Mais malheureusement nous n’avons rien pu faire pour prévenir le mal », explique le président de l’UNPCB.
Dès les premières alertes dans le Kénédougou et dans la Léraba, souligne le président, des missions ont été effectuées pour mesurer l’ampleur de la menace. La Sofitex a, précise-t-il, été saisie pour une solution ponctuelle mais les efforts pour sauver la campagne sont restés inefficaces. Face à cette situation, le premier responsable de la faîtière des producteurs de coton du Burkina est sûr que les prévisions de la campagne seront en deçà des attentes. Néanmoins, il invite ses camarades à la résilience à l’image de Innocent Tiemtoré pour sauver ce qui peut l’être encore afin de mieux affronter la prochaine champagne.
Il estime par ailleurs que chaque difficulté doit se présenter aux producteurs comme une expérience à capitaliser. Il lance ainsi un appel à l’endroit du gouvernement et des partenaires techniques et financiers pour une solution à cette situation qui n’augure pas d’une issue heureuse pour le monde des producteurs de coton.
Représentant la Sofitex, Awa Traoré rassure que les techniciens et les chercheurs sont à la recherche de solutions pour sécuriser les cotonniers des ravageurs pour les prochaines campagnes. Une promesse qui a donné un peu de sourire aux producteurs affectés qui souhaitent en plus de ces efforts des mesures d’accompagnement pour atténuer les effets pervers des ravages inattendus des ‘’jassides’’.
Abdoulaye Tiénon
