
La ville de Sya connait depuis le 29 novembre 2018, une opération de « démolissement » des zones dites illégalement habitées et communément appelées non-loties. Une pilule difficile à avaler pour les habitants du secteur 27 dans l’arrondissement 5 et 18 dans l’arrondissement 6. Les Habitants de ces 2 secteurs qui selon les autorités sont installés dans le domaine du camp militaire sont sommés de quitter les lieux au plus tard le 20 décembre 2018. Face à cette décision, les populations sont remontées et demandent la clémence des autorités. Ils ont tenu un meeting ce dimanche 9 décembre 2018 pour traduire leur désarroi et demander « pardon » aux autorités de ne pas les déguerpir.
Les larmes aux yeux, Étié Rokia ne sait pas où aller si sa maison doit-être rasée à partir du 20 décembre 2018 par les bulldozers de la commune de Bobo.
Cette mère de famille venue de la Côte d’ivoire avec ses enfants à la suite de la crise ivoirienne, préfère y laisser sa vie s’il le faut pour sauver le « seul gîte » qui lui sert d’abri. « S’ils arrivent, moi je vais mettre mes enfants dehors et moi je vais y rester. Je suis prête à laisser ma vie, c’est mieux » a fait savoir dame Sita en sanglots.

Comme elle, c’est une population frustrée et impuissante des secteurs 18 et 27 qui crient à l’injustice face à la décision de Déguerpissement. « Si vous voyez que nous sommes sortis ce soir, c’est parce que ça nous dépasse » affirme Zakaria Dao qui est dans ce quartier depuis près de 30 ans. Il poursuit en disant : « Nous ne comprenons pas les autorités. Elles nous disent de quitter les lieux sous prétexte que nous sommes dans le domaine du camp militaire. On nous demande de partir, nous n’avons pas de logements ni de travail. Ici, nous avons un jardin qui nous donne du travail. Mais ils disent que le jardin se trouve aussi dans le domaine du camp. Nous n’avons plus de logements, de travail où allons nous partir. Nous ne sommes pas des oiseaux pour loger dans les arbres ».
Yacouba Ouattara, porte-parole des populations du secteur 27 et 18 des arrondissements 5 et 6 demande aux autorités d’avoir un regard compatissant à l’endroit des populations des zones à démolir. « Il y a des gens qui ont fait 30 ans dans cette zone. Certains sont à la retraite. Où vont-ils aller », s’interroge-t-il. « Il y a longtemps que la population occupe ce domaine. Mais depuis 2005 que moi je suis là, je n’ai jamais appris que cette portion appartenait au camp ».
« La conséquence de la négligence des autorités… »
Pour Yacouba Ouattara, le problème est intervenu parce qu’il y a eu négligence de la part des autorités dès le départ. « Si aujourd’hui il ressort que le domaine appartient au camp, c’est que c’était dans les archives. Si tel est le cas, pourquoi ne pas informer les populations dès le départ afin d’éviter qu’ils s’y installent » s’indigne-t-il.

Un problème « négligé » dès le départ et qui met à nu les difficultés relatives aux questions de logements dans la commune de Bobo. Les autorités en charge du foncier estiment aujourd’hui à 32000, les cas de litige foncier à Bobo. « Nous avons chassé Blaise Comparé à cause des questions de lotissements et ceux là font les mêmes choses encore » se plaint Zakaria Dao
Remonté et la gorge nouée par la colère, Zakaria Dao fait savoir que ce n’est pas par plaisir qu’ils habitent dans les non-lotis. Il va jusqu’à dire : « Nous avons chassé Blaise le 31 octobre 2014. Des maires ont été arrêtés pour détournement de parcelles puis relâchés. Que voulez-vous que nous fassions ! Nous sommes prêts à rester et mourir sous nos toits car nous ne savons pas où aller. Nous préférons mourir. Nous avons chassé Blaise à cause des questions de lotissements et ceux qui sont là font les mêmes choses encore » conclut-il
Des osc soutiennent les populations des secteurs 18 et 27

Les membres du mouvement citoyen de la ville de Bobo apportent leur soutien aux habitants des secteurs à démolir. Jules Zoungrana et ses camarades disent être contre la décision des autorités de raser les secteurs 27 et 18 sous-prétextes qu’ils sont installés sur le site du camp. Il estime que cette décision menace le vivre ensemble des populations.
Face à la volonté de résister à la décision des autorités de démolir leurs maisons, les habitants du secteur 18 et 27 de Bobo demandent la clémence du maire de la commune de Bobo afin qu’une solution disent-ils, à l’amiable et conciliatrice soit trouvée pour le vive ensemble de tous les burkinabè.
Sotouo Justin Dabiré