13 décembre 1998 – 13 décembre 2022. Cela fait 24 ans que le journaliste Norbert Zongo a été assassiné dans la lutte pour la liberté d’expression au Burkina Faso. Aujourd’hui quelle analyse peut-on faire de son héritage en termes d’acquis pour la liberté d’expression et de presse au Burkina. A cette date anniversaire de l’assassinat de l’émérite journaliste, des journalistes exerçant à Bobo-Dioulasso se sont prononcés sur la question au micro d’une équipe de Ouest Info.
Sotouo Justin Dabiré, journaliste à Bf1/Bobo
« En assassinant Norbert Zongo le 13 décembre 1998, c’était une manière des hommes forts de l’époque de tuer la liberté d’expression. 24 ans après, les journalistes sont toujours victimes d’intimidation, d’agression et même de menaces de mort. Mais depuis lors jusqu’aujourd’hui nous continuons de nous battre pour cette chère liberté d’expression. Quand on regarde le paysage médiatique burkinabè aujourd’hui nous pouvons dire qu’ils ont tué Norbert Zongo mais des centaines de Norbert Zongo sont nés et naîtront ».
Ismaël Saturnin Paré, journaliste à la RTB2/Hauts-Bassins
« Norbert Zongo est le précurseur de la liberté d’expression et de presse au Burkina Faso. Il s’est battu pour cette cause parce qu’il a compris que c’est quelque chose qui s’arrache car elle n’est jamais acquise. Et depuis sa mort, nous avons enregistré beaucoup de changements. La presse est passée à un autre cap. La parole est aujourd’hui plus ou moins libérée. On ne peut faire disparaitre quelqu’un aujourd’hui sans être inquiété par la presse. Donc on peut dire que Norbert Zongo a frayé un chemin pour nous la nouvelle génération. Et depuis cette date nous voyons l’éclosion de plusieurs journalistes. Nous avons des journalistes qui sont en train d’emboîter les pas de Norbert Zongo. Norbert Zongo est le bouclier qui permet aujourd’hui à la jeune génération d’exercer facilement ce noble métier ».
Josias Dabiré, journaliste à Burkina info/Bobo
« Le combat de Norbert Zongo, ce n’est pas seulement pour la liberté d’expression et de la presse mais aussi de la consolidation de notre jeune démocratie. Il a mené cette lutte à une période où le Burkina Faso sortait de la période de rectification. On était dans une pseudo-démocratie. Et c’est pour tout ça qu’il s’est battu jusqu’à perdre la vie. Et quand l’irréparable est arrivé, (c’est qu’il ne fallait pas attendre; que quelqu’un meurt avant d’asseoir les bases de notre démocratie), le Burkina s’est tracé une ligne pour conduire sa démocratie, la liberté d’expression de la presse a commencé à s’étendre même si parfois c’est “flou“. Mais nous avons une base et tout cela je le mets dans les actifs de Norbert Zongo. »
Hamed Zerbo, Directeur de Publication du journal Libération Burkina
« Norbert Zongo soulevait des dossiers de crimes économiques et de crimes de sang. Il dérangeait vraiment les tenants du pouvoir de l’époque. Malgré les menaces, il a accepté se sacrifier pour la liberté d’expression et la liberté de presse. Et aujourd’hui, grâce à sa lutte, nous comptons des journaux d’investigations dans le paysage médiatique burkinabè. Grâce à lui les gens (les intellectuels d’avant qui étaient contraints d’observer le silence, les leaders d’OSC…) s’expriment librement sans être inquiétés. Donc on peut dire que grâce à Norbert Zongo, la liberté d’expression et de la presse est devenue une “réalité“ au Burkina Faso.
Pierre Salia GNIENHOUN, Directeur de Radio Évangile Développement/Bobo
« La liberté d’expression a connu une sorte de libéralisation consécutive aux difficultés que le monde des médias a essuyé depuis 1998 au Burkina Faso. Cette évolution se constate effectivement tant par le foisonnement des médias mais aussi par leurs contenus. En effet, d’une part il y a beaucoup plus de facilités administratives pour créer un média, d’autre part les acteurs des médias se sentant plus en sécurité ont désormais une certaine hardiesse dans leur expression. On n’a plus peur d’être inquiété ».
Propos reccueillis par Gaoussou Ouédraogo/stagiaire Ouest Info