Kaya est une des villes qui enregistrent un important nombre de personnes déplacées internes (PDI) au Burkina Faso. Pour désengorger les centres de soins de santé primaires dans cette localité du pays, Médecins Sans Frontières en collaboration avec le ministère de la santé a mis en place des Postes de Santé Avancés (PSA). Objectif, faciliter l’accès aux soins de santé primaires aux populations notamment celles déplacées. Une immersion de journalistes dans ces postes de santé le 18 décembre 2023 a permis à ces derniers de toucher du doigt la réalité de ces services de santé où les soins sont entièrement gratuits.
En mars 2023, le Conseil National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation (CONASUR) chiffrait à 122 000, le nombre de personnes déplacées internes de Kaya. Un chiffre qui classe cette ville parmi les villes du pays qui regorgent le plus de personnes déplacées du fait de la crise sécuritaire.
Pour faire face à cette situation humanitaire sur le plan sanitaire, Médecins Sans Frontières en collaboration avec le Ministère de la Santé a mis en place des Postes de Santé Avancés (PSA) dans la région du Centre-Nord notamment dans le district sanitaire de Kaya. Ainsi, on dénombre à nos jours cinq (05) Postes de Santé Avancés (PSA) dans ce district sanitaire.
Les PSA de Kaya, des centres de soins gratuits pour les usagers
Parmi ces Postes de Santé Avancé (PSA), ceux de Bangrin et de 38 villas situées tous les deux (02) au secteur 6 ont reçu la visite de professionnels de médias venus des quatre coins du Burkina. Dans ces deux PSA, on constate un dispositif complet de prise en charge en soins de santé primaires.
Sur chacun des sites, on trouve des compartiments repartis en boxes notamment boxe de triage, boxe de consultation, boxe d’isolement, boxe de soins, boxe de maternité, boxe de pansement, boxe de vaccination. Dans ces centres, il y a une prise en charge en santé mentale. L’objectif est de pouvoir suivre les personnes qui ont des problèmes de santé mentale notamment celles qui ont fui l’insécurité et ayant subi des traumatismes. Hormis les accouchements, tous les services de prise en charge de santé primaires sont disponibles dans les PSA. L’ensemble des prises en charge dans ces centres de santé sont gratuites y compris les évacuations.
Venue en consultation prénatale, Salimata Ouédraogo est usager du PSA de 38 villas dont elle est riveraine. Selon elle, la prise en charge dans le PSA est bien faite et tous les services sont gratuits. Les comprimés aussi sont gratuits, à en croire Fati Bamogo, une autre femme présente sur le site pour une visite prénatale. Biba Diandé et Fatimata Barry sont des patientes croisées dans le PSA de Bangrin. Elles-aussi apprécient bien la qualité de la prise en charge de leurs maux dans le PSA.
Elles confirment la gratuité des prises en charge y compris les évacuations vers des centres de santé de niveau supérieur. Ces quatre femmes usagers de PSA à Kaya n’ont visiblement pas caché leur satisfaction vis-à-vis du travail abattu dans ces postes. Pour ce faire, elles n’ont pas manqué de saluer les efforts du ministère de la santé et de son partenaire Médecins Sans Frontières dans l’offre de santé de qualité et de proximité.
Les PSA pour désengorger les structures de santé publique existantes
Albert Esson est le coordonnateur projet pour Médecins Sans Frontières/Kaya. Il inscrit la mise en place des PSA à Kaya dans le cadre du contexte sécuritaire difficile qui a entrainé un déplacement massif de populations dans la ville de Kaya. Ce qui complique selon lui, l’accès aux soins de santé à cause de la fermeture des centres de santé situés dans les zones périphériques.
En créant ces postes de santé en collaboration avec le Ministère de la Santé, Albert Esson fait savoir que l’objectif est de combler le gap qui existe en matière d’offre de santé. « Dans le district sanitaire de Kaya, nous avons cinq postes de santé avancés. Chaque poste est animé par une dizaine de personnes constituées d’équipes de Médecins Sans Frontières et d’équipes du Ministère de la Santé. La prise en charge dans ces postes est entièrement gratuite et concerne tout ce qui est soins de santé primaires. La gratuité se poursuit même en cas d’évacuation jusqu’à ce que le patient recouvre la santé. Ce qu’il faut savoir c’est que plus de 80% des patients accueillis dans les PSA sont des personnes déplacées internes », fait savoir Albert Esson qui souligne une très bonne collaboration entre MSF et le Ministère de la Santé dans le cadre du projet. Il précise que l’intervention de Médecins Sans Frontières est un accompagnement et non une substitution au Ministère de la Santé.
Médecin Chef du district sanitaire de Kaya, Lamine Ouédraogo salue la mise en place des PSA à Kaya. Pour lui, ces postes de santé permettront de désengorger les structures sanitaires ordinaires existantes eu égard au flux de personnes déplacées vers Kaya. Les PSA, souligne le MCD de Kaya, facilitent l’accès aux soins de santé primaires aux personnes déplacées internes. Ils permettent aussi de rapprocher davantage les agents de santé des populations de manière générale.
Du reste, Lamine Ouédraogo a rassuré que la collaboration entre le Ministère de la Santé et Médecins Sans Frontières dans le cadre de ce projet d’offre de santé de proximité est une relation de complémentarité entre les deux institutions. Il souhaite par ailleurs que la situation sécuritaire s’améliore afin que les déplacés internes puissent regagner leurs localités d’origine. Ce qui va entrainer la fermeture progressive de ces postes de santé qui n’ont pas vocation à se pérenniser.
Notons que les Postes de Santé Avancés de Bangrin et de 38 villas de Kaya reçoivent chacun en moyenne entre 150 et 350 patients par jour.
Abdoulaye Tiénon/Ouest Info