Lors d’une conférence de presse tenue ce 3 décembre 2023 à Bobo-Dioulasso, plusieurs enfants et leurs parents ont partagé leurs mésaventures, découlant des licenciements survenus en 2005 à la SAP Olympic. Ces parents qui avaient réclamé des Contrats à durée indéterminée (CDI) après de multiples contrats à durée déterminée (CDD), ont subi des conséquences dévastatrices, les plongeant dans la misère.
La SAP Olympic, une entreprise renommée dans l’industrie du pneumatique, a licencié 101 employés en 2005. Aujourd’hui, les conséquences de ces licenciements continuent de hanter ces familles dont certaines se trouvent dans des situations désespérées.
En raison de ces actes, plusieurs enfants des victimes sont aujourd’hui privés de leur droit fondamental à l’éducation. Après la conférence de presse, nous avons a tendu son micro à quelques-uns d’entre eux qui ont raconté leurs péripéties.
Parmi ces enfants se trouve Ibrahim, un jeune garçon de 14 ans. Il est né peu après le licenciement de son père. Aujourd’hui, dit-il, sa famille et lui vivent toujours dans une précarité financière. « Je suis en classe de 4ème. L’année passée, on m’a plusieurs fois chassé de l’école parce qu’on n’avait pas pu payer ma scolarité. Nous n’avons pas les moyens. Souvent pour avoir mangé c’est un problème. Ma mère est obligée de partir payer à manger à la boutique », raconte Ibrahim.
Aujourd’hui, il a deux petits frères et un grand frère. Pour améliorer leur situation, Ibrahim souligne que son père a dû partir à Ouagadougou dans l’espoir de trouver un travail. Son vœu est que son père puisse rentrer en possession de ses droits de licenciement et prendre soin d’eux. « On nous a dit que nos parents vont lutter aujourd’hui pour leurs droits. C’est pourquoi on est venu aussi les accompagner. Mais mon papa n’est pas ici. Il est toujours à Ouaga », confie-t-il.
Comme lui, plusieurs enfants des 101 personnes licenciés de la SAP Olympic subissent les « coups durs de la vie ». « Moi j’ai eu la chance de partir à l’école. Je suis présentement en classe de 3ème. Mais j’ai 6 frères et sœurs qui n’ont pas pu être inscrits. Quand le drame s’est produit, mes grands frères étaient déjà à l’école. Faute de moyens, le papa n’a pas pu payer leurs frais de scolarité. C’est comme ça que leur école s’est arrêtée », déclare Raïnata Ouattara avec tristesse.
Selon elle, ses frères qui avaient stoppé à mi-chemin ne veulent plus aller à l’école car ils admettent mal, le fait d’aller s’asseoir sur les bancs avec leurs petits frères. Ils se contentent, dit-elle, des petits travaux pour vivre. « Il y a un grand frère qui a aujourd’hui près de 28 ans. Il ne veut plus repartir en second à cet âge. Il ne compte plus sur l’école pour réussir », affirme la jeune fille.
Tout ce que Raïnatou demande c’est qu’on les aide. « Présentement ça ne va pas. Nous demandons qu’on nous vienne en aide sinon ce n’est pas facile », clame-t-elle.
La tragédie des licenciements dits « abusifs » à la SAP Olympic mérite une attention urgente et une résolution rapide. Ce problème qui est d’actualité depuis 18 ans aujourd’hui, décime progressivement des familles toutes entières et ce sont les enfants qui payent le « lourd tribu ».
Léandre Sosthène SOMBIE
leandresosthene61@gmail.com