Dans l’après-midi du jeudi 05 janvier 2023, le président de la délégation spéciale de la commune de Bobo-Dioulasso a échangé avec les responsables des associations des populations des zones non loties. Il s’est agi pour Adama Bidiga, de porter à leur connaissance, la création d’une commission qui sera chargée de suivre la mise en œuvre des différentes recommandations sur les problèmes fonciers à Bobo-Dioulasso. Aussi, a-t-il demandé leur indulgence afin que la délégation spéciale puisse travailler dans la sérénité pour éviter de « retomber dans les erreurs du passé ». Plus de détails sur la commission dans l’interview ci-après qu’il nous a accordée au sortir de cette rencontre. Lisez !
Ouest Info : Vous venez d’échanger avec les résidents des zones non loties de la ville de Bobo-Dioulasso. Quel message leur avez-vous livré ?
Adama Bidiga : A l’orée de la nouvelle année 2023, on avait adressé un message dans lequel on a évoqué l’idée de la mise en place d’une commission ad ’hoc de suivi de la mise en œuvre des recommandations du comité de réflexion que le gouverneur avait mis en place.
Nous avons jugé opportun de partager l’information avec les acteurs pour les rassurer de ce qu’il y a un travail qui est en train de se faire et que nous souhaiterions pouvoir compter sur l’ensemble des acteurs pour que la mission a nous confiée soit une réussite pour le bonheur de tous.
A lire aussi-Adama Bidiga face aux résidents des non loties: « On ne peut pas résoudre en 3 mois des problèmes de plus de 20 ans»
Ouest Info : De combien de membres sera composé la commission
Adama Bidiga: La commission est composée de 19 membres. En termes de composition, nous avions travaillé à intégrer les services techniques en lien avec le foncier à savoir le cadastre, le domaine. On y trouve aussi la police municipale, la police nationale, la gendarmerie, les religieux, les coutumiers et même la justice. Nous avons jugé bon d’associer la justice qui maitrise certains problèmes fonciers pour nous faciliter la tâche sur le terrain. On a pour ambition aussi de voir avec certaines structures de contrôle (comme le REN-LAC) pour savoir si elles ne peuvent pas se constituer auprès de cette commission comme observateurs. Nous voudrions en tout cas qu’elles soient à nos côtés pour observer le travail de la commission.
Ouest Info : Quelles seront les attributions de cette commissions
Adama Bidiga : C’est de recenser tout ce qui a été fait comme recommandations en lien avec le foncier ; que ce soit dans le rapport commandité par le gouverneur ou dans les autres rapports que certaines autorités avaient commandité. Il s’agira de faire la synthèse de ces recommandations et de voir lesquelles de ces recommandations sont pertinentes et peuvent nous permettre de régler certains problèmes particuliers.
On a voulu aussi que par arrondissement, les présidents des délégations spéciales soient responsabilisés pour ce qui concerne les problèmes fonciers de leurs ressorts. Dès que la commission sera mise en place, ces derniers vont commencer à faire le travail pour aller vers la résolution définitive des problèmes fonciers dans leurs arrondissements.
Ouest Info : A quand le début effectif de la mise en œuvre des recommandations ?
Adama Bidiga : Je crois que certaines recommandations sont déjà mises en œuvre parce que le comité avait suggéré la prise de mesure conservatoire pour nous permettre de travailler sereinement. C’est ce qui a justifié le communiqué diffusé en novembre et qui appelait les attributaires de parcelles dans les zones à problèmes à surseoir à la mise en œuvre de celles-ci. Une manière de calmer les ardeurs afin d’avoir une sérénité autour de nous pour pouvoir travailler.
Je ne peux donc pas donner de délai car les procédures ne dépendent pas uniquement de nous. Il y a des autorisations qui dépendent du niveau central. Ce que je peux dire au moins est que d’ici fin janvier, nous allons nous atteler à trouver des solutions, soit à écrire pour demander la levée de la suspension des opérations de lotissements afin que nous puissions mettre en œuvre certaines recommandations.
Mais pour cela, il faut que nous ayons, en partant au niveau central, quelque chose de concret à proposer. Il ne suffit pas de lever la suspension. Il faut aussi que nous soyons à mesure de dire exactement ce que nous voudrions faire après la levée de la suspension. Si on lève la suspension sans préciser ce que nous voulons faire, on risque de retomber dans les travers du passé. Chose que nous voulons à tout prix, éviter.
A lire aussi-Bobo-Dioulasso: Suspension de la mise en valeur des parcelles dans les zones non loties contestées (communiqué)
Ouest Info : 2 personnes vont représenter les OSC intervenants dans le foncier dans cette commission. Ne craignez-vous pas une certaine tension autour de cette désignation quand on sait qu’il y a une multitude d’OSC à Bobo qui intervient dans ce domaine.
Adama Bidiga : Ce n’est pas une obligation pour nous d’associer les OSC dans la commission. Si nous le faisons, c’est peut-être pour que ces structures ne se sentent pas écarter de ce processus ou tentent de dire qu’on est en train de régler leurs problèmes en leur absence. On a donné ce nombre en tenant compte des impératifs des moyens financiers. On ne peut pas aller au-delà. C’est vrai qu’on a une multitude d’OSC qui exerce dans la promotion du droit au logement à Bobo. Mais on voudrait aussi leur dire que si nous voulons réussir, on est obligé d’aller ensemble.
Nous leur demandons d’être compréhensif et voir dans quelle mesure elles peuvent nous désigner deux représentants. A défaut, nous serons obligées de faire le travail sans eux. Je voulais aussi préciser que ces deux représentants, c’est pour accompagner la commission. Le travail va se faire dans nos arrondissements et chaque PDS qui sera responsable de la gestion des problèmes fonciers de son ressort va certainement aller vers ces OSC. C’est pour dire qu’en réalité, personne ne sera mise à l’écart dans ce processus. Nous voulons que les solutions soient inclusives. Pour cela, nous allons faire le mieux pour associer tous les acteurs.
Ouest Info : Comme vous le savez Monsieur le président, depuis un certain temps, le foncier fait couler beaucoup d’encre et de salive à Bobo-Dioulasso. Quel message d’apaisement à l’endroit de tous ces acteurs ?
Adama Bidiga : Je voudrais leur dire que nous avons besoin d’aller ensemble pour faire face au terrorisme. Si à côté du problème sécuritaire, il y a une crise foncière, le gouvernement ne pourra pas tenir. J’invite donc les uns et les autres à la retenue et aussi à comprendre que nous sommes de nouvelles autorités. Nous cherchons d’abord à comprendre certains problèmes avant de prendre des décisions. Si nous sommes acculés, il y a des fortes probabilités que nous répétions les mêmes erreurs du passé. Chose qui n’arrange personne. J’invite donc les uns et les autres à plus de patriotisme dans leurs actes parce que le président lui-même présent à Bobo-Dioulasso (face aux forces vives de la région), a invité les filles et fils de Bobo-Dioulasso à l’union sacrée pour pouvoir faire face à la situation sécuritaire.
Je demande donc à l’ensemble des acteurs de se tenir mains dans la main pour nous faciliter la tâche sur le terrain.
Par MB/Ouest Info