Le coordonnateur de la Coalition contre la vie chère (CCVC/ Haut Bassins), Bakari Millogo, était d’une humeur des plus lunatiques cette matinée du 29 novembre 2018. En cause, la hausse du prix du carburant au Burkina Faso et contre laquelle les organisations syndicales ont appelé à la grève générale ce jour. Extrait des propos de Bakari Millogo :
« Le 10 novembre dernier, le gouvernement du Burkina Faso a décidé de la hausse du prix de carburant de 75 fcfa sur le litre à la pompe. Nous avons décidé à l’appel donc de la CCVC au plan national, dans les Hauts-Bassins, d’organiser cette marche. C’est un signal, c’est un premier signal pour dire que nous ne sommes pas d’accord avec cette façon de faire.
Notre peuple ne veut plus être gouverné comme avant. Au-delà du mépris dans la forme de cette décision, nous avons estimés que les motivations du gouvernement ne nous convainquent pas du tout. Nous les rejetons parce que les arguments ne tiennent pas du tout.
Nous avons eu à travailler avec le gouvernement depuis 2006 sur la question des hydrocarbures. Nous estimons aujourd’hui que s’il y a des difficultés, on doit pouvoir nous associer pour en discuter. Ce qui n’a pas été le cas.
Et pire, c’est qu’aujourd’hui nous savons qu’il y a des dignitaires qui, après avoir pillé notre peuple, ont des centaines de milliards ; il suffit de les prendre !
En plus de ça, nous avons été frustrés qu’un ministre de commerce puisse justifier cela par l’effort de guerre. C’est grave ! C’est une honte pour la république. Il ne revient pas au ministre du commerce de parler de la question de la sécurité de notre pays. Nous estimons qu’il faut respecter les institutions ».
La promesse de mobilisation a été tenue, environ 1500 personne, selon la police. Ce qui fait dire au coordonnateur régional de la CCVC que le peuple Burkinabè est vraiment en colère.
« Vous voyez la mobilisation ? C’est dire que la prochaine insurrection population sera plus que ce qu’on a connu en octobre 2014.
Nous tenons à ce qu’on revienne aux anciens prix. Au moment où le gouvernement prenait la décision d’augmenter le prix du carburant, en principe, le prix du carburant devrait être de 406 fcfa à la pompe.
Nous estimons que trop c’est trop et nous ne pouvons pas accepter cela. C’est ce qui justifie donc la mobilisation de ce matin.
Les arguments sur le prix du baril ne tiennent pas la route. Au moment où le prix du baril était à son haut niveau, 130 dollars le carburant, c’est-à-dire le super, se vendait à 730 fcfa au Burkina.
Aujourd’hui, au moment où le gouvernement prenait cette décision, on était à 61, 67 dollars le baril.
Normalement, on devrait vendre le super à 406 fcfa le litre. Avec ça, l’Etat est à 264 fcfa. Au titre de quoi ? Au niveau des hydrocarbures, l’Etat ne subventionne rien. C’est au niveau du gaz que l’Etat subventionne. En réalité, il y a un mensonge. Et nous ne pouvons pas accepter cela ».
Risque d’une nouvelle insurrection, selon Bakari Millogo
« La mobilisation de ce matin montre que notre peuple ne veut plus de ça. Nous sommes en train de tendre vers le divorce. Et le divorce, est un précurseur des révolutions.
La mobilisation, c’est l’expression d’une colère. On ne veut plus être gouverné comme avant. C’est clair. Nous l’avons dit.
La prochaine fois, on montera d’un cran. Ils veulent balayer les acquis de l’insurrection de la mémoire de notre peuple. Chose que notre jeunesse refuse ».
Madi et Wourodini Sanou