Au centre hospitalier universitaire Souro Sanou (CHUSS) de Bobo-Dioulasso, la prise en charge des personnes souffrant d’insuffisance rénale est un défi énorme pour le personnel médical. Pour cause, la capacité d’accueil du centre de dialyse est très faible pour un besoin de plus en plus croissant.
Le CHU de Bobo-Dioulasso est l’un des plus importants centres hospitaliers en matière de prise en charge des patients souffrants d’insuffisance rénale au Burkina Faso.
Il a une unité de dialyse d’une capacité d’accueil de 125 places. Ce qui est minime de l’avis de Dr Judicaël Dah, (médecin néphrologue par ailleurs, chef de service par intérim du Centre de néphrologie du CHU-SS de Bobo) par rapport à la forte demande exprimée au quotidien.
Sur les 125 places de l’unité de la dialyse du CHUSS qui couvre les régions des Hauts-Bassins des Cascades et du Sud-Ouest, la file-active des patients est saturée selon lui. « Notre centre de dialyse a une capacité d’accueil de 125 places. Sur les 125 places, notre file-active est déjà saturée alors que nous avons le double voire même le triple des patients qui attendent de pouvoir avoir la dialyse », fait-il savoir.
Cette situation selon lui, a comme revers pour le personnel médical, les pressions quotidiennes subies de la part des patients et de leurs parents. « La difficulté pour nous dans cette situation, c’est la pression des patients et de leurs parents. Imaginez que l’on diagnostique un patient et qu’on découvre que sa maladie est à un stade final et qu’il n’y a pas de places pour lui. Si la personne n’est pas compréhensible, c’est le désordre que cela va créer », révèle-t-il.
Au-delà, certains patients ou leurs parents vont jusqu’à proposer des « dessous de table» aux personnels soignants pour juste avoir de la place tellement désespérée. « Malheureusement, c’est quand un malade décède qu’un autre peut espérer avoir de la place pour la dialyse. C’est la tristesse d’une famille qui débouche sur la joie d’une autre famille » regrette-t-il.
Baisse des coûts de la dialyse, « une mesure qui ne profite pas pour l’heure »
C’est pourquoi, pour ce qui est de la baisse des coûts de dialyse notamment la caution de la dialyse à vie entérinée par le gouvernement burkinabè, le médecin néphrologue estime que c’est une mesure qui ne profite pas, pour l’heure, aux personnes souffrants d’insuffisance rénale avancée.
« En levant cette caution sans augmenter les capacités d’accueil de nos centres de dialyse ou sans l’ouverture d’autres centres en périphérie, cette mesure n’aura pas l’impact souhaité. Et c’est nous, en tant que spécialiste, qui serons acculé », a-t-il laissé entendre.
Même avec la caution de 500 mille, affirme-t-il, « il y avait assez de demandeurs pour intégrer les files-actives. Mais avec la baisse, cela va encore augmenter ».
Les causes de l’insuffisance rénale
Du reste, pour Dr Judicaël Dah, l’insuffisance rénale serait dû à des facteurs d’ordre nutritionnel que sanitaire qu’il invite les populations à en prendre conscience. « Sur le plan nutritionnel, on a des consommations excessives de bouillons comme le magi, les arômes qui peuvent impacter sur le fonctionnement de nos reins. Sur le plan sanitaire, il y a l’automédication ; la tradi-thérapie. Tout cela peut impacter le fonctionnement de nos reins », fait-il savoir.
En dépit de cela, dit-il, « il y a des pathologies qui peuvent conduire à la maladie rénale chronique. Ce sont le diabète ; l’hyper-tension artérielle ; le VIH, les hépatites. Même les engines que font souvent les enfants si on y prend garde à la longue, cela peut déboucher à l’insuffisance rénale ».
Le palliatif pour lui donc, c’est le dépistage. « Il faut que les uns et les autres acceptent de se faire dépister pour déjà s’imprégner de l’état de fonctionnement de leurs reins pour une prise en charge précoce », invite-t-il.
En rappel, on parle d’insuffisance rénale lorsque les deux reins d’un individu n’arrivent plus à assurer leurs fonctions élémentaires à savoir l’épuration des déchets secrétés par l’organisme.
Diakalia Siri/Ouest Info
Encadré
Salimata Traoré est dialysée depuis plus de trois ans. Pour cette dialysée chronique, l’État devrait songer pour le cas spécifique, du CHUSS de Bobo-Dioulasso, à disponibiliser davantage les « générateurs » pour une prise en charge des patients.
« Ce que nous souhaitons auprès de nos autorités, c’est qu’elles équipent davantage notre centre de santé en générateurs pour qu’on puisse prendre en charge les malades que nous sommes. Depuis le matin j’attends le branchement, je n’ai pas encore eu. Au-delà, nous souhaitons qu’ils recrutent plus de personnel soignant pour notre prise en charge », a-t-elle lancé en guise de cris de cœur.
Propos recueillis par DS
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