A Banfora, la succession au trône continue de faire des gorges chaudes. Originaire de Banfora, le guide spirituel Ouattara Hema Djaffar est accusé de prendre parti pour un des prétendants au trône. Face à des journalistes à son domicile ce vendredi 14 juin 2019 à Bobo-Dioulasso, l’homme dit n’être mêlé de près ni de loin à cette crise.
Pour ceux qui l’accusent selon lui, une réunion secrète aurait eu lieu chez lui à domicile, l’objectif étant de mettre les petits plats dans les grands pour destituer le chef « intronisé » afin d’installer son challenger.
Faux, rétorque Djaffar dans un ton ferme. « Je ne suis au courant de rien de tout cela. Les histoires de chefferie, je ne m’en intéresse pas. Moi Djaffar, je ne m’occupe que des livres Saint à savoir la Torah, l’évangile et le Coran » s’est-il défendu avant de préciser qu’aucune réunion, encore moins secrète n’a eu lieu chez lui à domicile par rapport à cette question de chefferie coutumière de Banfora.
Fils d’un ancien féticheur, Djaffar connaît bien la place des rituels dans le choix du successeur à un défunt chef. « S’il est vrai que suite aux rituels c’est l’actuel chef qui a été désigné pour succéder au défunt chef, pourquoi se tirailler encore ? A moins que vous ne croyez pas en vos ancêtres. Le chef est décédé. Vous avez immolé des poulets pour désigner son successeur. Le poulet a fait un choix. Pourquoi contester donc le choix du poulet » s’est-il indigné.
Pour lui, toute cette machination n’est que l’œuvre de personnes de mauvaise foi qui veulent utiliser son nom à lui pour atteindre leur objectif. « Ils ne passeront pas par moi », prévient-il.
Fervent croyant, l’homme n’a pas manqué de prier pour la paix au Burkina Faso tout entier. Toutefois appelle-t-il aux populations de Banfora à se démarquer des actes susceptibles de mettre en péril l’union et la cohésion sociale. « Actuellement, notre préoccupation à tous, c’est d’œuvrer à la paix, à la sécurité et à la cohésion sociale au Burkina Faso. Ces genres de pratiques ne favorisent pas cela » a-t-il regretté tout en appelant le gouvernement à être regardant sur la question pour éviter que le pire ne se produise.
En effet, après le décès du chef Yoayé Héma au cours du deuxième semestre de 2018, c’est son 3ème fils du nom d’Aboubacar Gnambon Héma, âgé de 29 ans qui a été désigné pour le succéder.
Intronisé le 15 avril 2019 (après les rituels de désignation) et répondant désormais au nom de Fadouga II, ce dernier est constaté par une partie de la famille royale notamment Sibiri Héma, frère du défunt chef, qui se disait légitime pour succéder au chef.
Depuis lors, les rivalités entre les deux camps ne font qu’exacerber et l’on se regarde en chiens de faïence, chaque camp croyant avoir la légitimé pour occuper le trône.
Jack Traoré