Dura lex, ses lex, la loi est dure mais c’est la loi. Cette expression latine, les habitants des zones non-loties à Bobo-Dioulasso s’en souviendront bien longtemps. En effet, les autorités communales de la ville procèdent aux démolissements des habitats dits spontanés. Cette décision n’est pas sans conséquence car ce sont de milliers de populations qui se retrouvent pour la plupart sans abris. Il faut certes restituer les domaines publics mais et si on procédait autrement.
Les questions foncières à Bobo ont été pendant longtemps travesties par la corruption, la malversation et le détournement. Certains élus locaux en n’ont même fait leurs fonds de commerce au dépriment de la population, sans que la force de la loi les oblige à rendre compte.
Au Burkina Faso, on a souvent remarqué que les sanctions étatiques s’appliquent de façon hermétique aux citoyens lambdas. Les autorités politiques ont des droits qu’elles connaissent bien. De ce fait, elles bénéficient de circonstances atténuantes qui leur permettent de se pavaner sans être inquiétés par la justice. Ceux-là qui ont dupé de nombreuses populations dorment tranquillement quelque part dans leur grosse villa pendant que les populations de ces zones non-loties ne savent plus où coucher leur tête. Mais, ces populations ne pourront qu’à s’en prendre à elles-mêmes car nul n’est censé ignorer la loi.
Aujourd’hui, face à la « justice de l’État » d’assainir le domaine foncier à Bobo-Dioulasso, des populations se sentent abandonnées et trahies par les autorités qu’elles ont contribué à installer à la tête des institutions étatiques. Elles avaient pour certains, donnés leur voies pour avoir un lopin de terre pour se loger. Mais, hélas !
À la suite de l’insurrection populaire d’octobre 2014, les autorités de la transition avaient suspendu les lotissements. Une suspension qui sera levée le 25 octobre 2018 en conseil des ministres sur toute l’étendue du territoire sauf à Bobo et à Ouaga. En effet, la ville de Bobo compte à elle seule 32000 cas de lignes fonciers. C’est dire donc que la question foncière reste une épine dorsale pour les autorités communales qui jouent pour certaines leur mandat face à cette question.
Le constat est là. Dans la ville de Bobo, des domaines publics sont occupés par des populations qui y ont construit des habitats spontanés. Aussi, certaines sont installées dans des zones non-loties de façon anarchique. D’où la nécessité pour les autorités de mettre de l’ordre dans ce domaine afin d’apurer le passif foncier.
Les populations restent les seules victimes
La décision est prise, des zones à habitats spontanés et les habitats installés dans les domaines publics dans la ville de Bobo seront rasés « contre mécontentements et protestations des populations de ces dites zones. » Mais à qui profite cette décision de l’autorité communale. Que deviendront ces milliers de populations déguerpir ou qui seront « chassés de leurs demeures ». Certaines y habitent depuis plus 30 ans. D’autres y sont à la retraite, veuves et n’ont que ces seuls sites d’habitation comme lieu de résidence. D’autres encore ont des enfants qui vont dans des écoles non loin de ces zones à démolir. Ces enfants pourront-ils poursuivent leur cursus scolaire vu que nous sommes déjà à trois mois de l’année scolaire en cours ? Ces familles déjà démunis peuvent-elles se prendre une maison dans une ville où la question de vie chère et de morosité économique sont le maître mot des habitants ?
Il est bien de prendre des décisions pour aménager le foncier dans la ville. Mais n’est-il pas prompt que des mesures d’accompagnement sociales soient mises en place afin de venir en aide à ces milliers de familles victimes de leur victimisation et de la mégalomanie d’une certaines élites politiques ?
Bref ! Si chacun jouait réellement son rôle dans cette volonté des autorités d’assainir le milieu foncier à Bobo, il est sûr que les récriminations et les mécontentements constatés ça et là allaient plus ou moins s’estomper. Mais encore hélas !
La loi doit s’appliquer à tout le monde. C’est pourquoi, s’il est vrai que ces populations illégalement installées dans les zones non-loties doivent déguerpir, il faudrait dans un esprit d’équité que ceux qui détiennent par devers eux des centaines de parcelles et qui en ont détourné des dizaines, eux aussi soient frappés par la sanction de l’Etat.
C’est pour une question d’équité sociale afin d’éviter les frustrations sociale. Des frustrations qui peuvent s’exprimer dans le mauvais sens si on n’y prend pas garde. En effet, des individus mal intentionnés peuvent à tout moment instrumentaliser les couches sociales démunies et frustrées à des fins bellicistes voire terroristes.
Il n’est pas juste que seules ces pauvres populations payent le prix de l’apurement foncier à Bobo-Dioulasso. Et si donc on procédait autrement. Il vaut mieux prévenir que guérir dit-on.
Sotouo Justin Dabiré