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Etablissement de la carte d’invalidité à Bobo-Dioulasso : La croix et la bannière pour Souhaibou Ouédraogo

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Dans les textes, la carte d’invalidité est un sésame pour les personnes en situation de handicap. Mais l’établissement de cette carte n’est pas chose aisée. Souhaibou Ouédraogo est un brillant élève en situation de handicap moteur. Il a obtenu son baccalauréat série D en 2023 avec la mention ‘’Bien’’. Il a eu un excellent parcours scolaire mais dans l’ignorance totale de l’existence de la carte d’invalidité et de la loi 012-2010 portant protection et promotion des droits des personnes handicapées. Ce n’est qu’à deux mois de l’examen du baccalauréat qu’il prend connaissance de l’existence de cette pièce. Pour l’établir, le jeune a entamé la procédure mais tout semble aller au ralenti. Cette production est réalisée avec la participation de Canal France International (CFI) dans le cadre du 3ème concours du projet Afri’Kibaaru, un projet de développement Médias en Afrique.

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La carte d’invalidité est une carte instituée par la loi 012-2010/AN portant protection et promotion des droits des personnes handicapées. Par cette loi, les personnes en situation de handicap bénéficient de plusieurs avantages dans les secteurs sociaux de base notamment la santé, l’éducation, le transport et l’emploi.

Il existe un décret d’application pour le volet éducation notamment l’éducation inclusive. Mais dans la région des Hauts-Bassins, l’application de cette loi reste mitigée plus de dix (10) ans après sa mise en œuvre. La carte d’invalidité qui donne accès aux avantages scolaires ne produit pas encore tous ses effets. Cette situation est doublée par la difficulté pour certains élèves en situation de handicap d’établir la carte. C’est le cas de Souhaibou Ouédraogo, un brillant élève qui est en situation de handicap moteur.

Le BAC D en poche, Souhaibou peine à se faire délivrer ce document

Il a décroché son baccalauréat série D en 2023 avec la mention Bien. C’est juste au mois d’avril 2023 avant son succès au Bac que l’adolescent découvre l’existence de la carte d’invalidité. Au paravent, il n’en avait jamais entendu parler. Dès lors qu’il est mis au courant des avantages que peut lui offrir cette carte, Souhaibou Ouédraogo s’est lancé à sa conquête. Cela fait déjà cinq (05) mois qu’il a engagé la procédure d’établissement de la pièce. Mais tout semble compliqué. Il est confronté à une sorte de manque d’accompagnement pour la constitution de son dossier. Souhaibou doit aussi joindre à son dossier de demande un certificat médical qui prouve son invalidité. Sa difficulté, c’est vers quelle structure se diriger puisque ce n’est pas tous les médecins qui sont habilités à délivrer ce certificat.

A lire aussi-Souhaibou Ouédraogo : A 18 ans, l’élève en situation de handicap réussit avec brio au Bac D

Or il a impérativement besoin de la carte pour joindre à ses dossiers de demande de bourse. Le temps passe mais le jeune n’a pas que faire. Compte tenu de son handicap, il lui est difficile d’effectuer lui-même les démarches. Taximan de son état, Djakaria Ganou, son oncle adoptif est celui-là qui fait d’incessants va-et-vient dans le but de pouvoir faire établir la carte de Souhaibou. C’est dans ce parcours du combattant que Souhaibou croise le chemin d’une bonne volonté qui le met rapidement en contact avec le président de la Coordination Régionale des Associations pour la Promotion des Personnes Handicapées des Hauts-Bassins (CORAH/HBS), Abdoulaye Traoré.

Souhaibou prend attache avec ce dernier. Le même jour, il reçoit les coordonnées du médecin de l’OST qui aide les personnes en situation de handicap à établir gracieusement le certificat médical qui permet de faire la demande de la carte. Le document médical en main, en moins d’une semaine, Souhaibou parvient à monter son dossier. Un dossier qu’il a pu déposer à la direction provinciale du Houet de l’action sociale. Il est aujourd’hui dans l’attente de recevoir son ‘’sésame’’. L’espoir de Souhaibou est que cette carte qui lui a fait faire un parcours du combattant puisse lui permettre d’obtenir une bourse pour ses études universitaires.

Souhaibou Ouédraogo admis au concours d’entrée à l’ESI…

D’ores et déjà l’étudiant est orienté en Mathématiques-Physique-Informatique (MPI) à l’Université Nazi Boni (UNB) de Bobo-Dioulasso. Cette orientation n’est nullement liée à sa situation de handicap. Il la doit certainement à l’excellence de ses performances dans les disciplines comme les mathématiques, la physique et la chimie au baccalauréat série D qu’il a obtenu avec 14,08 de moyenne l’année scolaire écoulée (2022-2023). Pour ne pas trop compter sur la carte d’invalidité qui est toujours en instance d’établissement et dont il n’est d’ailleurs pas sûr de l’aider à prendre le chemin de la concrétisation de son rêve qui est de devenir informaticien, le jeune bachelier de 18 ans a préparé et réussi au test très sélectif d’entrée à l’Ecole Supérieure d’Informatique (ESI) de l’Université Nazi Boni (UNB) au rang de 5ème.

Pour Souhaibou, le choix des métiers de l’informatique est lié à son handicap. Il estime que ces métiers sont beaucoup plus intellectuels que physiques. La concrétisation de ce rêve est selon lui une manière de contribuer au développement de son pays.

Du parcours de Souhaibou pour l’établissement de la carte d’invalidité, l’on retient que l’attente et le parcours sont longs. Mais cela est dû au fait que les demandeurs de la carte ne tapent pas souvent aux bonnes portes selon Abdoulaye Traoré.

« De manière générale l’établissement de la carte n’est pas aisé »

Selon le président de la CORAH/Hauts-Bassins que nous avons rencontré, les personnes en situation de handicap ont parfois du mal à établir la carte d’invalidité parce qu’elles ne s’adressent pas toujours aux personnes qui peuvent les faciliter la tâche. Mais soutient-il, cette facilité relative est urbaine. « De manière générale l’établissement de la carte n’est pas aisé. Mais chez nous dans la région des Hauts-Bassins, avec les sensibilisations et les plaidoyers que nous menons, nous avons pu obtenir de la part de l’Office de Santé des Travailleurs (OST) une facilité dans l’établissement du certificat médical qui est exigé dans le dossier de demande de la carte d’invalidité. Cette facilité ne concerne que ceux qui sont dans les centres urbains. Sinon dans les milieux ruraux, l’établissement de la carte reste la croix et la bannière car les demandeurs sont obligés d’aller vers les centres urbains pour établir le certificat médical. Ce qui leur prend du temps et aussi des moyens financiers. », fait savoir Abdoulaye Traoré qui a aidé souhaibou Ouédraogo dans les démarches pour l’obtention de sa carte d’invalidité.

Le président de la CORAH/Hauts-Bassins ne s’arrêtent pas là, il met Souhaibou en contact avec le réseau des élèves et étudiants en situation de handicap des Hauts-Bassins. L’objectif est de permettre au jeune bachelier d’être bien informé sur toutes les opportunités qu’il pourrait saisir avec sa future carte d’invalidité.

Malgré ce pas franchi dans la demande de carte d’invalidité par Souhaibou, sa mère Ramata Ouédraogo reste quand même inquiète quant à l’avenir des études de son fils. Ses doutes se fondent sur le fait que Souhaibou a fait son cursus scolaire sans qu’elle ne soit au courant de l’existence de la carte d’invalidité. Pour elle, si cette carte produisait réellement des effets, elle ne serait pas tapie dans l’ombre. Ainsi, elle appelle de tous ses vœux l’aide de bonnes volontés et d’institutions soucieuses des personnes en situation de handicap pour que son fils puisse poursuivre ses études.

En tout cas, avec ou sans la carte d’invalidité, Souhaibou Ouédraogo est déterminé à poursuivre ses études. Mais son souhait est tout de même d’obtenir cette carte afin qu’il se fasse lui-même une opinion de son effectivité ou pas.

Abdoulaye Tiénon/Ouest Info avec la participation de CFI dans le cadre du projet Afri’kibaaru

La rédaction
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Ouest Info est un média en ligne basé à Bobo-Dioulasso dans la région de l’Ouest du Burkina Faso.

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