Les responsables du projet « Target Malaria » de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) qui a procédé au lâcher de moustiques mâles stériles génétiquement modifiés dans le village de Bana, localité située à une vingtaine de Bobo-Dioulasso ce lundi 1er juillet 2019, ont animé un point de presse le mercredi 3 juillet à Bobo-Dioulasso afin d’informer l’opinion sur les enjeux d’un tel projet.

Crée en 1997, en effet, l’IRSS selon les conférenciers, est chargé de mener les recherches qui puissent apporter des solutions aux problèmes prioritaires de santé des populations, de coordonner la recherche dans le secteur de la santé au Burkina Faso, de valoriser et de diffuser les résultats de la recherche.
C’est dans ce cadre, selon le Dr Abdoulaye Diabaté, chercheur à l’IRSS, que le projet Target Malaria, a pu être mis en place. « C’est un projet de recherche innovante pour développer une nouvelle méthode de lutte contre le paludisme en Afrique. Il va ainsi contribuer à l’élimination du paludisme d’ici 2030 comme préconisé par l’OMS », a-t-il signifié.
« Target Malaria », dit-il, « est un projet de recherche qui vise à développer et partager des technologies génétiques nouvelles, durables et économiques visant à modifier les moustiques vecteurs de paludisme afin de réduire la transmission de la maladie ». « Le mâle stérile est un moustique anophèle modifié qui, lorsqu’il s’accouple avec une femelle sauvage, les œufs obtenus de l’accouplement n’arrivent pas à maturité et donc ne sont pas viables », a laissé entendre le Dr Diabaté.
Une trouvaille pour accélérer l’éradication du paludisme
Pour les conférenciers, c’est au regard de la persistance du paludisme et face à l’incapacité des méthodes traditionnelles de lutte (les moustiquaires imprégnées, les insecticides et les traitements antipaludiques) à l’éradiquer que l’IRSS, en collaboration avec des partenaires internationaux, travaillent sur plusieurs thématiques de recherche de lutte contre le paludisme, notamment la recherche sur les moustiques génétiquement modifiés.
D’où le projet « Target Malaria ». Avec cette nouvelle trouvaille (dont les travaux de recherche ont débuté au Burkina Faso en 2012), l’IRSS et ses partenaires pensent pouvoir venir à bout du paludisme à l’horizon 2030 « comme le souhaite l’OMS ».
Ce lâcher qui est une expérimentation a été fait selon eux, avec l’accord de l’Agence nationale de biosécurité (ANB) et avec l’acceptation des communautés du village de Bana. « Ces accords sont préalables à la mise en œuvre de cette expérimentation » a précisé le Dr Diabaté pour qui, le choix de Bana n’est pas fortuit : « le choix de Bana fait suite à une étude de faisabilité qui porte sur plusieurs critères à savoir les types de moustiques qui y évoluent, la dynamique saisonnière, le volume de transmission, le comportement de vol et de dispersement et la longévité de l’ensemble de ces moustiques ».
Ces moustiques à en croire les conférenciers, ont une durée de vie très courte. « Ils disparaîtront rapidement et ne peuvent pas se reproduire », a-t-il signifié avant de rassurer : « nous avons lâché uniquement que les moustiques mâles qui ne piquent pas, donc ne transmettent aucune maladie ».
Investigateur principal du projet, le Dr Diabaté invite les populations à faire confiance en la « science burkinabè » et à accompagner les chercheurs.
Jack Koné